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1 janvier 2005 6 01 /01 /janvier /2005 00:50
    II. PROFIL ET MODE D'OPÉRER DES PRINCIPAUX ACTEURS ÉCOLOGISTES




    5. Teddy Goldsmith -
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    En pleine conférence de presse, devant une trentaine de journaliste réunis à Paris à l'occasion de la présentation de son livre, Le défi du XXlème siècle, il affirme fièrement, un brin provocateur : « Je suis un dégénéré ». Qui est ce conservateur radical qui considère qu'il faut revenir à la structure féodale de « l'économie vernaculaire », locale et autosuffisante ?

    Edouard (Teddy) Goldsmith est un dilettante. Il n'est pas du tout aussi doué pour les affaires que feu son frère, James (Jimmy). Après quelques tentatives infructueuses dans le commerce, il abandonne définitivement les affaires pour se consacrer à l'anthropologie et à l'écologie. Parcours typique d'un aristocrate britannique... Avec Robin Hanbury Tenison, il lance Survival lnternational, une association consacrée à la défense des peuples indigènes. Le but est de « sauver » ces peuples en les défendant contre l'influence « néfaste » de la civilisation occidentale. Dès lors, il entame très vite une remise en cause globale de celle-ci et en particulier de son système économique. Cette démarche le conduit à passer de la défense des peuples indigènes, à la défense de leur milieu naturel, puis de la planète tout entière. En 1969, il fonde la revue britannique The Ecologist, qui est l'ancêtre mondial des revues environementalistes. The Ecologist a aujourd'hui un rayonnement international et les campagnes qu'il lance sont rapidement reprises par les différents mouvements écologistes qui le lisent : campagnes contre la FAO, contre la Banque mondiale, contre les grands barrages, pour sauver les forêts tropicales, etc.

    En 1972, il aura un gros succès de librairie avec son ouvrage Blueprint for Survival, traduit en seize langues et vendu à 500000 exemplaires. Avec d'autres amis, Denis de Rougemont, Edouard Kressman, Jean Marie Pelt, Jacques Elul, etc., il fonde en 1976 le groupe Ecoropa, dont le Manifeste pour une démocratie écologique européenne inspirera fortement les programmes des différents partis verts européens.

    La liste des amis de Goldsmith, outre de Rougemont, est intéressante. On y retrouve tout le « réseau Gaïa », à commencer par James Lovelock, le physicien britannique qui fut le père de cette théorie. Selon l'hypothèse Gaïa, la Terre est un être vivant et fonctionne comme une unité dont les différents niveaux interagissent afin de réguler les flux d'énergie et de matière. Cette vision d'une planète vivante amène à des extrémismes redoutables. Ainsi, Lovelock déclare que « les êtres humains sont devenus trop nombreux et agressent Gaïa. Gaïa n'a pas besoin d'eux pour fonctionner. Un jour, s'ils continuent à transgresser ses lois, Gaïa va s'ébrouer et ils tomberont comme les poux tombent d'un chien ». Goldsmith partage cette vision de Gaïa. José Lutzenberger, autre grand ami de Goldsmith, dirige la Fondation Gaïa au Brésil.

    Nous avons donc planté le décor dans lequel évolue Teddy Goldsmith. C'est l'enfant terrible de l'aristocratie britannique, qui n'hésite pas à investir le siège des Nations unies à la tête d'une délégation de chefs tribaux des forêts tropicales le premier jour de l'Assemblée générale annuelle, pour s'opposer, juché sur un tracteur, au démarrage des travaux de construction d'une centrale nucléaire. Enfant terrible de l'aristocratie, parce qu'il n'en respecte pas les petites règles apparentes. Mais comme tous les enfants terribles, il respecte les « valeurs profondes » de sa famille, celles qui touchent à « l'ordre séculaire » où chacun est à sa place, les aristocrates en haut et la plèbe en bas. Fréquentant les gauchistes de salon qui promeuvent le « droit des indigènes », il fut membre du Parti conservateur britannique et croit « à la tradition, à l'unité familiale et à l'unité traditionnelle ». Il a quitté le parti en accusant Reagan, Thatcher et Chirac d'excès de libéralisme.

    Quel est le raisonnement de fond de Goldsmith ? Nous allons à la catastrophe à cause de la « désadaptation biologique » de notre société. Il dresse un tableau apocalyptique de tous les avantages de la vie moderne tout en promouvant les modes de vie tribaux. Ainsi, pour lui, l'hygiène est un désastre et Pasteur un criminel :

    « L'obsession moderne de l'hygiène fait apparaître les conditions idéales de prolifération des agents pathogènes. Le lait pasteurisé est facilement colonisé par des microbes dont certains pathogènes — car, dans le milieu stérile où ils se trouvent, ils n'ont pas à soutenir la concurrence d'aucun autre micro-organisme. (...) La poliomyélite est, elle aussi, une « maladie d'hygiène ». Chez les peuples traditionnels, les enfants nourris au lait maternel, qui sont en contact avec les germes du sol et éventuellement avec des crottes d'animaux, ne l'attrapent pas — mais ils deviennent vulnérables dès qu'ils sont alimentés au lait de vache et élevés dans des règles d'hygiène stricte ».

    Plus c'est gros, plus ca passe ! Pour lui le cancer est « une maladie de civilisation » et l'augmentation du nombre de cancers apporte la preuve définitive de « notre inadaptation biologique à la civilisation technique » :

    « Rien d'étonnant à ce que nous souffrions d'une multitude de nouvelles maladies, appelées à juste titre maladies de civilisation. »

    Evidemment, Goldsmith passe sous silence le fait que, dans l'ordre féodal auquel il souhaiterait bien revenir, l'espérance de vie moyenne n'était que d'une trentaine d'années. Au seuil du XXème siècle, avant que la révolution pastorienne ne gagne l'ensemble de la société, elle n'était encore que de 38 ans en France, contre 76 ans aujourd'hui. Quant aux peuples indigènes absolument « préservés » des progrès médicaux de la civilisation, leur espérance de vie dépasse rarement les 25 ans. Si Edouard Goldsmith avait suivi les « règles indigènes », sa fille, l'actrice Clio Goldsmith, aurait eu une chance sur deux de mourir avant d'avoir atteint l'âge de deux ans. Bien sûr les indigènes connaissent très peu de « nouvelles maladies de civilisation » comme le cancer puisqu'ils meurent bien avant qu'elles aient eu le temps de se développer.

    Pour Goldsmith, la civilisation occidentale technicienne issue de la Renaissance, en amenant la destruction sur la planète, a « démantelé le monde naturel stable pour le remplacer par un monde artificiel instable ».

    Sur la démographie, il déclare :

    « On a délégué le règlement du problème démographique aux quatre cavaliers de l'Apocalypse. L'explosion démographique est essentiellement due au développement technologique. »

    Que propose Goldsmith pour empêcher cette Apocalypse ? De revenir cinq cent ans en arrière:

    « Il n'y a qu'un seul problème, c'est celui de nos activités économiques. Il n'y a qu'une seule solution, c'est de réduire cet impact. Il faut créer une autre société, une autre économie, basée sur un marché de village, à la limite extrême de région. Il ne peut exister d'économie durable qui ne soit localisée. »


    Et de faire un merveilleux éloge du système féodal et nobiliaire :

    « Polanyi attribue à la mise en place du système de marché la responsabilité des grandes famines qui ont frappé l'Inde pendant la colonisation britannique. Tandis que dans le régime féodal et celui de la communauté villageoise, noblesse oblige, la solidarité clanique et la régulation du marché des grains tenaient la famine en échec ; sous la loi d'airain du marché, les gens mourraient de faim conformément aux règles du jeu. »

    On croit rêver ! La famine n'existait pas dans le système féodal ! Tout était donc mieux « avant ». Bien entendu Goldsmith « oublie » de dire que l'Empire britannique n'a jamais autorisé les populations des colonies à avoir accès au développement technologique, mais qu'il a maintenu un système de pillage en s'appuyant justement sur ces valeurs traditionnelles locales dont Goldsmith fait si grand cas : l'empire a en effet encouragé le maintien du système de castes en lnde pour empêcher les révoltes... Ajoutons que dans son monde féodal, Goldsmith trouverait tout à fait « naturel » d'appartenir à la classe des dirigeants, laissant aux autres le soin de suivre les « lois de la nature » :

    « Je suis un dégénéré. J'aime encore les grandes villes et ne pourrais vivre sans voiture ou sans avion. Il nous faut éduquer une génération future qui soit moins dégénérée que nous. »

Table des matières

<préc. - suiv.>
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