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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 07:42
Vieille femme en train de lire (La Mère de l'artiste), 1631
Rembrandt(1606-1669)



A qui la faute ?

Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J’ai mis le feu là.

- Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t’enseignent ainsi que l’aube éclaire un cloître
À mesure qu’il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.


Victor Hugo
25 juin 1871

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commentaires

D
Je ne sais pas lire, le terrible constat.Mais lire est une activité complexe, on peut d'ailleurs lire sans savoir lire. Je m'explique, on peut déchiffrer sans comprendre (le fameux b-a-ba qui reste malgré tout essentiel pour déchiffrer des mots inconnus mais ne serait rien sans le bain de langage et de culture) et pour éviter cela les lectures quotidiennes avec son enfant depuis le plus jeune âge sont absolument essentiels dans un moment de douce complicité.On peut comprendre sans apprécier et là le développement de la culture littéraire, théâtrale, musicale joue un rôle essentiel.On peut apprécier sans bénéficier de la compréhension fine nécessaire lorsque l'on veut passer à des textes plus spécialisés (que ce soit la philo ou les sciences), le rôle du grec et du latin ne sont pas négligeables.Enfin, on peut aimer la langue, sa beauté, sa rudesse, ses cadeaux et ses hermétismes, accepter de se perdre quelques fois simplement pour écouter la musique de la langue et pour cela il faut écouter de la poésie.Cela fait du bien d'arrêter un peu le temps, de pouvoir revenir à ce blog avec une pression plus faible des impératifs quotidiens. (blog que d'ailleurs j'ai quand même toujours lu au cours de ces dernières semaines un peu mouvementées). C'est aussi cela lire et les exploiteurs l'ont bien compris, on ne peut lire pour aiguiser son sens critique que si l'on ne possède le temps de réfléchir.Merci de nouveau pour ce texte.Dom de retour dans le temps de la réflexion !!!! : ))) Ouf !
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K
Merci de ta fidélité et merci encore pour tes commentaires inspirés! Bonnes vacances!<br /> Kévin