"Elevez-vous, d'une aile hardie,
au-dessus du cours de votre temps. Que déjà, dans votre miroir, commence à poindre le siècle futur."Friedrich Schiller
Travaux
Etude sur la
nature
des mouvements écologistes
et leurs véritables objectifs
Si vous ne l'avez pas encore lu, plongez-vous dans ce très bon article de Jean-Luc Porquet, publié la semaine dernière dans le Canard. Il y explique que le programme du CNR est attaqué par des individus sans scrupules. Pour en savoir plus sur le CNR, cliquez ici. Une étude du CNR sur la trahison des Trusts (1943)ici. Une autre attaque contre le CNR, ici.
“A bas les jours heureux !”
C’est le genre de choses qu’on laisse passer, à force. Il y en a tellement. Ils sont tellement « décomplexés »… La première fois, c’était en octobre dernier. Denis Kessler, ex-mao passé au capitalisme financier, ancienne éminence grise du baron Seillière lorsque celui-ci pilotait le Medef, lâchait cette mâle déclaration de guerre : « II faut défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Qu’est-ce qu’elle venait faire là, la Résistance ?
Kessler s’en réjouissait : au fond, les différentes réformes engagées par Sarkozy, disait-il, « peuvent donner une impression de patchwork », mais « on constate qu’il y aune profonde unité à ce programme ambitieux » : défaire ce qu’ont fait les résistants, justement. Cette provoc’ avait fait quelques vagues, sans plus.
Et puis la semaine dernière, Charles Beigbeder a remis ça. Dans une tribune au « JDD » (27/1), le pédégé de Poweo a affirmé, l’air de rien, que selon lui le rapport Attali permettrait enfin d’en finir avec cette France « qui continue à vivre sur un modèle fondé en 1946, à partir du programme du Conseil national de la Résistance ». Tiens, tiens. Lui et Kessler, même combat. Charles Beigbeder, le prototype du jeune loup moderne. L’homme qui veut tailler des croupières à EDF en vendant de l’électricité privée aux Français.
Il avait un beau titre, le programme des résistants : « Les jours heureux ». On comprend qu’il faille en finir d’urgence. Il était le résultat d’un compromis né entre tous les mouvements de résistance luttant contre l’occupant et les principaux partis politiques, dont le PC. On comprend que cela paraisse aujourd’hui insupportable. Il affichait de hautes ambitions. Entre autres, « la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».
Insupportable, non ? On y trouvait d’autres projets complètement fous. Les résistants rêvaient que les enfants français puissent « bénéficier de l’instruction et accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents ». Affreusement égalitariste !
Ils voulaient aussi que soit assurée « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent ». On comprend que ça énerve. Et aussi « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ». Complètement ringard, non ?
On remercie MM. Kessler et Beigbeder de nous avoir annoncé franchement la fin des beaux jours, prévue pour l’après-municipales. Jean-Luc Porquet
Le 11ème commandement, "Tu ne te feras point prendre", est la règle dans le monde financier, aujourd'hui comme dans les années trente. Les pirates de la finance ont besoin d'ombre pour faire leurs petites affaires. C'est pourquoi, depuis les grosses vagues financières de la fin janvier et après avoir jeté Kerviel aux lions, on n'entendait plus tellement parler des institutions financières en déroute. Ils ont depuis une quinzaine de jours réussi à mettre autre chose que leurs déboires en première page de la presse. Il peuvent dire merci au tout-petit : les aventures du petit Nicolas se sont en effet multipliées. Chasse aux nègres au Tchad, mariage à la hussarde, le SMS qui vous veut du mal, le lamentable de Neuilly, 400 flics contre l'insalubrité (co-produit par le Ministère de l'identité Nationale), etc. etc. A votre avis : Il le fait exprès ? Mais la réalité, c'est que la faillite des institutions financière est avérée et qu'aucune d'entre elles ne peut se permettre de voir examiner ses comptes réels. Mais bon, de ce côté-là, elles ne risquent pas grand chose, puisque depuis trois décennies au moins, le droit et le pouvoir judiciaire ont été dépouillés de tous les moyens et outils qui auraient pu permettre un semblant de contrôle, voire (oh le gros mot!) de régulation. Par qui ? par le législateur et par l'exécutif, quelle qu'en soit la couleur. C'est ce que rapporte Mme Dominique de Tallancé, juge d'instruction démissionnaire du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, dans une interview accordé au Figaro aujourd'hui, que je retrancris ci-dessous :
Propos recueillis par Jérôme Bouin (lefigaro.fr) 15/02/2008
INTERVIEW - Après dix années au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, la juge d'instruction Dominique de Talancé a choisi de s'en aller. Elle déplore l'obstruction du parquet et à travers lui l'abdication du pouvoir face aux délits financiers.
Elle a passé vingt années comme juge d'instruction, dont dix au prestigieux pôle financier du tribunal de grande instance de Paris. Dominique de Talancé a quitté le 23 janvier dernier les bureaux du boulevard des Italiens à Paris pour rejoindre la cour d'appel de Versailles. Elle en a profité pour pousser un «coup de gueule», le 13 février sur l'antenne de RTL, contre l'action du parquet de Paris. Une action qui contribuerait, selon elle, à réduire le champ d'investigation du pôle financier. Pour lefigaro.fr, elle a accepté de revenir sur cette prise de position très virulente.
lefigaro.fr. - Pourquoi avoir choisi de prendre la prendre la parole aujourd'hui ?
Dominique de Talancé. - Parce que je pense que cela intéresse les gens de savoir ce qui se passe au sein du pôle financier, très médiatisé. Et puis parce que ce pôle financier est aujourd'hui, selon moi, vidé de sa substance.
Le parquet, directement lié à l'exécutif, est juge de l'opportunité de poursuites. C'est lui qui décide si telle ou telle affaire mérite d'être poursuivie. S'il décide qu'on ne la poursuit pas ou qu'on va différer cette poursuite, le pôle financier ne travaille pas. Les juges d'instruction ne pouvant pas s'autosaisir. Résultat : nous sommes dépendants de l'idée qu'a le pouvoir politique en place de ce qu'il doit réprimer ou pas. Et aujourd'hui, le parquet de Paris fait en sorte que les affaires financières complexes ne soient plus instruites par les juges du pôle financier. J'ai donc choisi de partir pour ne pas servir d'alibi.
Derrière ces propos il y a en creux une accusation du pouvoir politique. Quel message souhaitez-vous faire passer à la classe politique ?
Je n'ai rien envie de leur dire, il faut que les choses soient bien scindées : il y a le pouvoir politique d'un côté et le pouvoir judiciaire de l'autre. Simplement le pouvoir judiciaire, malheureusement, est totalement dépendant de la politique qu'entend mener l'exécutif. Nous sommes parfaitement empêchés de travailler. Les juges financiers sont renvoyés au chômage technique.
Jean-Claude Marin, le procureur de Paris, vous a répondu, évoquant une politique «déterminée et sans failles» à l'égard de la délinquance financière. Il a aussi cité plusieurs cas de poursuites engagées actuellement par le parquet dans des affaires financières.
Oui mais quand on enlève la Société générale et l'UIMM, il ne reste plus que des affaires assez anciennes. Il n'y a aucune nouvelle affaire. Aujourd'hui, le pôle financier ne se penche plus que sur des petites affaires. Il est totalement bloqué par le parquet. D'autre part, le discours de rentrée qu'a tenu Jean-Claude Marin devant les magistrats aurait plutôt tendance à prouver l'inverse de ce qu'il m'a répondu. Il a très brièvement évoqué les délits financiers, et encore c'était pour évoquer les pouvoirs d'investigation du parquet au détriment des juges.
Qui peut changer les choses puisque vous ne semblez pas croire en l'action des politiques ?
J'espère que la France sera sensible aux injonctions des diverses institutions internationales parmi lesquelles le conseil de l'Europe. Et puis je crois surtout que le public va se rendre compte que finalement ces grands scandales financiers lui sont préjudiciables et va se mobiliser. Le scandale du Crédit Lyonnais par exemple, c'est une somme d'argent prélevée à chaque Français. Je ne pense pas que le pouvoir politique, qui raisonne à court terme, ait l'intention de faire changer les choses.
Comme l'article cite en référence une interview donnée sur RTL, réalisée par M. Vincent Parisot, je suis allé l'écouter. Et comme le paysage que madame le juge y brosse est édifiant, je vous l'ai retrancrite ici :
RTL - Bonsoir, Dominique de Talancé.
Dominique de Talancé – Bonsoir
- Vous avez passé dix ans en tant que juge d'instruction au pôle économique et financier du tribunal de grande instance de Paris, vous venez de rejoindre la cour d'appel de Versailles, et vous décidez de parler, peut-être pour dresser le bilan de ces dix années que vous avez passé au pôle financier, à côté de personnalités comme Eva Joly, Laurence Vichnievsky ou Philippe Courroye. Vous tirez quel bilan, quels enseignements de ces dix ans ?
- Si je pars, c'est parce que, non pas que je quitte le pôle financier, mais parce que le pôle financier nous quitte, en quelque sorte ; c'est un peu l'histoire d'une défaite et, malheureusement, d'une mort programmée. Aujourd'hui, les juges financiers - il faut peut-être se rappeler ce que c'était que le pôle financier il y a dix ans : c'était un grand espoir. Enfin, on allait prendre au sérieux les délits économiques et financiers, dont on sait à quels point ils pèsent sur l'économie - et on en a tout les jours le témoignage -, enfin on allait pouvoir avoir des instruments matériels, juridiques, qui nous permettraient d'aller à la rencontre de ces délits dit complexes - mais finalement ils ne le sont pas tant que ça, si on veut bien les prendre par le bon bout -, et donc nous avions, nous étions ce groupe de magistrats plein d'enthousiasme, plein de croyance dans cet justice un peu nouvelle, et on sortait un peu de cette justice à la papa, qui fait que le vol de bicyclette, finalement, est très loin derrière nous. On s'attelait aux grands délits.
- Donc il y avait beaucoup d'enthousiasme ?
- Il y avait beaucoup d'enthousiasme, il y avait cette certitude qu'on allait enfin être dans une, dans la répression, en tout cas dans la prévention aussi, et dans le suivi des affaires financières et économiques qui sont effectivement...
- Pourquoi aujourd'hui parlez-vous de défaite ?
- Pourquoi je parle de défaite ? Parce qu'aujourd'hui le contenu est totalement vidé, c'est-à-dire qu'on a encore l'enveloppe, mais on a plus l'intérieur, on a plus le contenu de ces délits, et que les juges - qui, malheureusement, sont partis, d'ailleurs, au fur et à mesure, déçus par cette politique -, sont maintenant saisis de petites affaires, qui ne regroupent pas, si vous voulez, la vraie délinquance économique et financière.
- On comprend bien votre déception, voire votre amertume. Est-ce que vous pouvez nous dire qui est responsable de cette situation ? Qu'est-ce qui s'est passé, est-ce que c'est une question de budget, est-ce que c'est une question d'autorité, d'autorité politique ?
- C'est une question de politique pénale. On choisit, si vous voulez, les grandes orientations d'une politique pénale. Bon. Aujourd'hui - moi je ne parle que du pôle économique et financier de Paris-, aujourd'hui le parquet de Paris a décidé que les délits financiers, ça n'existait plus ! Donc on considère qu'il ne faut pas les traiter, ou les traiter en amont, c'est-à-dire par le parquet, qui s'en fait en quelque sorte, qui s'en réserve...
- Oui, mais le parquet, il est lié au pouvoir ?
- Absolument.
- Donc, là, on est bien dans la politique ?
- On est dans la politique, sûrement, sans aucun doute. D'ailleurs j'en veux pour seule preuve que - vous savez, il y a des grandes messes, comme ça, tous les ans, de rentrée des tribunaux, et dans un discours de rentrée très intéressant du procureur de la république de Paris, qui fait trois pages, hé bien vous avez deux lignes ! Deux lignes. On parle de tout, on a beaucoup d'autosatisfaction, tant mieux, mais on parle de deux lignes, deux lignes sur les délits financiers. Je vous les lis parce que ça vaut le coup : "L'utilisation, en matière d'affaires financières complexes, de mesures telles que les perquisitions en enquête préliminaire, - c'est-à-dire faites par le parquet-, avec autorisation du JLD (Juge des Libertés et de la Détention), permet d'éviter le recours inutile à l'information judiciaire." Hé bien voilà, ça c'est extrêmement clair, les affaires financières complexes ne seront plus jugées, ou en tout cas instruites, par les juges financiers. C'est clair !
- Alors, il y a un autre élément, c'est ce qu'a dit Nicolas Sarkozy pendant sa campagne, c'est-à-dire son intention de dépénaliser le monde des affaires : ça vous inquiète encore plus, j'imagine ?
- Je crois que s'il voulait la dépénalisation, elle est déjà, de fait, depuis des années. Donc, je crois que ce n'est pas extrêmement nouveau, je crois que ce qui est plus grave, ce n'est pas tellement la dépénalisation, c'est la dé-judiciarisation. On se rend compte qu'effectivement, il y a non-seulement une méfiance vis-à-vis du juge pénal, ça on est bien d'accord, mais en fait du juge tout court ! Quand on voit certains propos, quand on entend certains propos du chef de l'état, on est tout-à-fait inquiet par la vision qu'il et le mépris, d'une certaine façon, affiché qu'il peut avoir sur la magistrature. Donc, c'est plus la dé-judiciarisation, et aussi son pendant, évidemment, sur les affaires économiques et financières - la dépénalisation -, qui est en cause.
- Alors, on voit bien le tableau que vous dressez, est-ce que vous pouvez nous dire en quoi, pourquoi, la délinquance financière est à vos yeux aussi grave que la délinquance tout court - voire plus grave -, et ce qu'elle pèse aujourd'hui dans l'économie nationale ?
- Oui, je ne veux pas vous accabler de chiffres, bon, j'ai simplement en tête un chiffre du conseil des prélèvements obligatoires de 2007, qui dit que la fraude fiscale et sociale est évaluée en France entre 20 et 40 milliards d'euros. C'est vous dire l'ampleur de cette fraude. Alors, c'est la fraude, effectivement, en général, on sait aussi...
- Vous pouvez répéter le chiffre ?
- Oui, absolument, entre 20 et 40 milliards d'euros en France, oui. C'est étonnant. Vous voyez, vous n'avez pas, ça n'a pas été tellement relayé par les médias ! Bien ! On sait que cinq pour cent du commerce mondial est issu du fait de la contrefaçon, et pas simplement de la contrefaçon dans les marques de luxe : de la contrefaçon des médicaments, de la contrefaçon des pièces détachées, vous voyez ce que ça peut comporter au niveau des risques en tout genres. On sait que la corruption est quelque chose qui est tout à fait répandue, et pas simplement dans les républiques bananières qu'on veut bien pointer du doigt ; donc on sait tout ça, on sait, écoutez, l'actualité le montre.
- La France, d'ailleurs, n'est pas très bien placée, d'ailleurs, dans le classement de la corruption ?
- Oui, on est dix-huitième dans l'indice de perception de la corruption, qui est un indice de la perception, encore une fois. Alors, on est dix-huitième, est-ce qu'on est content d'être derrière la Suisse, est-ce qu'on est content d'être derrière le Luxembourg, est-ce qu'on est content d'être derrière Hong-Kong, moi je ne suis pas extrêmement satisfaite.
- Est-ce qu'aujourd'hui on peut dire que les cols blancs du business ont gagné devant les cols blancs des magistrats ?
- Je crois que, si vous voulez, ce qui est peu choquant, c'est qu'on a vraiment deux discours : la tolérance zéro pour les délits de droit commun, et l’impunité maximum pour les délits dits de cols blancs. Vous sentez bien comme moi, comme tout citoyen, une espèce d'arrogance de cet argent, qui est l'obsession universelle. Hé bien l'arrogance, elle vient de l'impunité ! Et cette arrogance, elle est insupportable, surtout quand on sait qu'effectivement la moitié des français gagne moins de 1500 euros par mois, que les difficultés sont généralisées sur tout une frange de la population ; donc, je crois qu'effectivement il serait quand même grand temps de s'intéresser à ces délits. Surtout que, si vous voulez, les institutions internationales nous donnent l'exemple : l'OCDE, le GAFI (Groupe d'Action FInancière), le Conseil de l'Europe, ne cessent de dire aux états : "Je vous en prie, prenez les mesures !"
- Vous êtes amère ?
- Non, je ne suis pas amère, je suis combative.
- Mais ce combat, maintenant, vous allez le mener différemment.
- Ha, je crois que là où on est, on peut faire quelque chose.
- Merci beaucoup.
Donc, des individus et des institutions brassent des dizaines de milliards d'euros ou de dollars, sans aucune surveillance, régulation ni contrôle ! Il ne reste plus qu'à brûler un cierge pour prier qu'ils ne s'offrent pas un président de la république, les médias, voire la Banque Nationale ou les infrastructures publiques. Quoi ? J'ai dit une bêtise ?
Et il a bien raison... Un article terrible ou il est question de l'impuissance économique de nos Etats, de la création monétaire, d'une banque nationale... Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les travaux d’Annie Lacroix-Riz : ici (vidéos)
" Ce qui se passe en France est consternant: les acteurs publics français -parlementaires, ministres, juges- violent sans vergogne le peuple qu’ils sont censés représenter, en lui imposant par voie parlementaire les institutions antidémocratiques qu’il vient de refuser expressément par référendum. On se fout de nous. Et quand la Constitution les gêne, ils la modifient. Eux-mêmes. Et sans référendum! On se fout de nous.
Les médias complices
Ce viol est rendu possible sans déclencher de révolte grâce à la complicité active des soi-disant "sentinelles du peuple": les journalistes, censés surveiller et dénoncer les abus de pouvoir, ne remplissent pas leur mission, pourtant vitale pour la démocratie, et dissimulent un coup d’Etat sous la chape de plomb d’un silence coupable. A la télévision, aucun débat, aucune mise en scène des conflits, aucune publicité donnée aux opinions dissidentes; rien que des jeux, des variétés, des réclames et la chronique judiciaire des faits divers en guise d’information.On se fout de nous.
Le référendum de 2005 avait suscité dans le pays un vif débat qui a servi de révélateur pour des milliers de citoyens comme moi qui faisaient confiance à leurs représentants pour construire le rêve européen et défendre l’intérêt général. Ce révélateur de 2005 a montré une véritable trahison de nos élites qui, sous couvert de la construction européenne, depuis cinquante ans, vident la démocratie de toute réalité et s’affranchissent eux-mêmes de tout contrôle populaire. On se fout de nous. Cette révélation de 2005 est confirmée en 2008 par le viol caractérisé que constitue l’adoption par voie parlementaire du traité de Lisbonne, copie mal maquillée du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Quelques horreurs supplémentaires
Ce n’est pas tout: j’ai découvert, depuis l’époque du référendum, quelques horreurs supplémentaires.
► En 2006, j’ai compris que le cœur nucléaire de nos impuissances était très probablement la création monétaire, incroyablement abandonnée aux banques privées par l’article 104 du Traité de Maastricht. Et ce hara-kiri monétaire qui est probablement une source importante de toutes nos impuissances politiques, au lieu d’être débattu tous les soirs à la télévision, n’est même pas connu des journalistes professionnels (pourtant, ce côté pro des journalistes de métier nous est souvent présenté comme un gage irremplaçable de compétence et d’honnêteté, une qualification nécessaire pour éviter les errances de l’amateurisme dangereux qui règne partout sur Internet). On se fout de nous.
► En 2007, une autre découverte confirme la direction que prenait mon analyse: l’éclairage précieux des années 30, fourni par les travaux d’Annie Lacroix-Riz, permet de prouver les intrigues gravissimes des industriels et des banquiers contre les institutions républicaines et contre la démocratie.
En un mot, nous n’en sortirons jamais si nous attendons que nos élus nous proposent eux-mêmes une solution: d’abord, ils sont trop dépendants de ceux qui rendent possible leur élection (via les médias subordonnés) et qui, de plus, sont juges et parties dans le processus constituant et ont un intérêt personnel à notre impuissance politique: nous devons donc prioritairement nous réapproprier le processus constituant pour remettre les élus sous contrôle et reprendre la maîtrise publique de la monnaie.
Le révélateur du débat de 2004-2005
Quand Fabius a dit qu’il allait voter non, à l’automne 2004, ça m’a interpellé, réveillé, et j’ai lu son livre, puis celui de Strauss-Kahn, qui était intéressant aussi mais qui parlait d’autre chose: DSK soulignait les avancées -incontestables- du TCE par rapport à la prison de Nice, mais sans répondre aux graves accusations de Fabius: illisibilité d’un texte interminable truffé de renvois et de chausse-trappes; politique économique figée au plus haut niveau du droit; politique monétaire anti-inflation condamnant l’Europe à un chômage de masse; coopération renforcées quasiment interdites et révisions constitutionnelles quasiment impossibles, illégitimité de la Convention Giscard, etc.
Le dialogue de sourd (sans "s") commençait: les "ouiistes" ne voulaient déjà pas entendre que les avancées (réelles) sur lesquelles ils louchaient ne compensaient en rien les aspects objectivement épouvantables de ce texte supérieur. Ils n’ont d’ailleurs jamais répondu à ces reproches depuis: ils ont l’art de parler d’autre chose pour ne pas répondre point par point.
J’ai lu le TCE, attentivement, et cette lecture attentive m’a inquiété au plus haut point. J’ai réalisé que Fabius n’avait pas vu d’autres vices, plus graves encore: confusion des pouvoirs dans les mains des exécutifs sur des domaines importants et listés nulle part ("actes non législatifs" et "procédures législatives spéciales" que j’appelle, moi, "lois sans Parlement", c’est plus clair); étroite dépendance des juges pour leur carrière envers les exécutifs alors que leur pouvoir est immense; totale impuissance des citoyens entre deux élections; totale irresponsabilité politique de quasiment tous les acteurs; révision constitutionnelle impossible avec les peuples mais faciles sans référendum ("procédure chèque en blanc", donc); etc.
Au passage, je souligne que, depuis, j’ai eu encore quelques surprises supplémentaires dans les institutions européennes: d’abord, l’immunité judiciaire à vie de tous les fonctionnaires européens, je dis bien "à vie" (je me demande bien ce que ces gens font de si grave pour avoir besoin d’une telle protection, unique au monde à ma connaissance).
Une incroyable découverte, en 2006
L’abandon aux banques privées de la création monétaire est sans doute la source principale de nos impuissances politiques, mais, surtout, j’ai découvert un fait majeur dont aucun journaliste ne parle jamais: l’abandon définitif, scellé au plus haut niveau du droit -sans débat public-, l’abandon par les Etats de la création monétaire, au profit exclusif des banques privées.
L’article 104 du Traité deMaastricht, qui devrait être notre ennemi prioritaire à tous, le symbole cardinal de la trahison de nos propres représentants, la source principale de notre impuissance politique maladive étant notre soumission financière, mais soumission voulue! Telle un véritable sabordage monétaire.
Je ne sais pas comment les banques privées ont fait pour obtenir ce privilège extravagant de la part de (tous) nos gouvernants, mais je trouve cela profondément révoltant. Il faut lire Maurice Allais, -prix Nobel d’économie, un puits de science, un spécialiste de la monnaie et un courage impressionnant pour lutter de front à la fois contre les multinationales et contre les banques-, il faut lire Allais pour comprendre que les banques se comportent (parce qu’on les y autorise) comme des faux-monnayeurs et que cela nous ruine!
Cette affaire nous coûte en France environ 80 milliards d’euros par an, une paille… et depuis 1973, date où cette interdiction a commencé en France, par la volonté du banquier Pompidou assisté par Giscard, la dette publique n’a fait que croître au point d’asphyxier l’Etat et de menacer les services publics; et le chômage suit la même pente que la dette! Je suis sûr que ce chômage est lié à cette dette; il me semble qu’on pourrait au moins en débattre.
Et c’est précisément cette ruine, et l’impuissance qui en découle, qui sont verrouillées au plus haut niveau par l’article 104 de Maastricht, sans débat. C’est difficile à repérer parce que l’article 104 ne dit pas "les États ne peuvent plus créer leur monnaie mais doivent désormais toujours l’emprunter auprès d’acteurs privés qui facturent aux Etats des intérêts ruineux sans aucun risque et sans autre travail que celui de surveiller les remboursements…"
Cette formulation honnête serait trop claire et déclencherait assurément une révolution. Non, ce que dit l’article 104, c’est "les Etats et autres autorités publiques ne pourront plus jamais emprunter auprès de leur Banque centrale", ce qui est proprement incompréhensible pour le commun des mortels: pour comprendre ce que l’article 104 veut dire, il faut savoir que c’est comme ça que les États créent (créaient) de la monnaie, en empruntant auprès de leur Banque centrale (éventuellement sans jamais rembourser, c’est une modalité possible, mais surtout sans jamais payer aucun intérêt).
Et c’est ça qui est désormais interdit, sans débat, sans avouer l’enjeu, en refusant même d’en parler sérieusement, alors que ça nous coûte les yeux de la tête, de plus en plus chaque année par le jeu diabolique des intérêts composés… On en est rendu aujourd’hui à une dette qu’on n’arrive même plus à rembourser en capital car le paiement des seuls intérêts assèche toutes nos marges de manœuvre: les intérêts de la dette publique en France dépassent 40 milliards par an, 40000 millions chaque année!
Revenus sans cause versés sans contrepartie à des rentiers, sans nécessité. C’est une honte. Cette ruine programmée des Etats (et l’Etat, c’est nous tous, bien sûr) n’est pas une fatalité: c’est une volonté politique et cette volonté politique n’a rien à voir avec l’intérêt général. A l’évidence, elle pourrait changer. Attention à ne pas se tromper de débat: je ne dis pas qu’il faut créer plus de monnaie, il faut en créer autant, mais il faut que ce soit la banque centrale indépendante qui la crée, et pas les banques privées, ce qui va réorienter le revenu de l’intérêt vers les caisses publiques au lieu des caisses privées.
Je ne dis pas non plus qu’il faut que les gouvernements ou les parlements puissent créer la monnaie: c’est un organe indépendant n’ayant rien à espérer d’une élection qui doit avoir ce pouvoir, pour qu’il ne soit pas tenté d’abuser de la création monétaire par clientélisme démagogique. Il n’y a donc aucun risque d’inflation supplémentaire dans cette réappropriation publique de la monnaie; il est simplement question de retirer aux banques privées une source considérable d’enrichissement sans cause, pour rendre cette ressource à la collectivité. C’est urgent.
En n’organisant aucun débat sur ce thème essentiel, on se fout de nous. Pour en finir avec ce résumé sur le hara-kiri monétaire de l’article 104, il n’est pas inutile de préciser que, quand on commence à lire la littérature sur le sujet, on découvre que les humains ont compris depuis longtemps qu’ils ont un problème avec la monnaie (et surtout avec ceux qui l’accumulent et qui font métier d’en gérer la rareté artificielle) et que nos aïeux ont mené des centaines d’expériences de monnaie "parallèles" ou "libres" (souvent "fondantes" pour dissuader l’accumulation confiscatoire), à travers le monde et les époques.
Alors, écoutez bien: on dirait (je le dis sans avoir encore de réelle certitude sur ce point, je lis beaucoup, je progresse, mais si nous avions des débats contradictoires et publics sur tous ces points, nous progresserions tous très vite!) que toutes ces expériences, toutes, à chaque fois que les hommes reprennent le contrôle de la création monétaire et rendent la monnaie suffisante dans une région, à chaque fois, le chômage et la misère disparaissent dans les mois qui suivent, l’activité générale reprend à vive allure. Ce n’est pas tout à fait inintéressant, n’est-ce pas? Et inversement, chaque fois que la Banque centrale vient y mettre son nez, en interdisant cette monnaie libre abondante et en réimposant sa monnaie officielle (rare et chère), le chômage revient… Ça ne mérite pas un petit débat, ça?
On pourrait au moins vérifier sérieusement et mener/publier des études approfondies, de nouvelles expériences, non? A moins qu’il n’y ait quelqu’un qui ait un intérêt personnel puissant à ce que le chômage perdure… Parce que c’est formidable, le chômage, quand même, pour les industriels et les banquiers: ça rend docile, le chômage, et à tous points de vue, c’est bon pour les profits… Y aurait-il donc quelqu’un qui fasse passer cet intérêt puissant avant l’intérêt général?
Là, je vois venir un de ces sagaces analystes qui n’ont qu’un argument, un seul, aussi léger que l’air: "Ouais, on connaît: encore un paranoïaque qui croit à la théorie du complot!" Fin de la réflexion, les neurones du sagace ont fait leur boulot, y’a plus d’argument, circulez! A l’évidence, cette "réflexion" est le degré zéro de l’argumentation. On se fout de qui?
Une autre découverte importante, en 2007
On peut répondre à cette accusation de "paranoïa" (lancée commodément contre tous ceux qui analysent et dénoncent les intrigues des très riches pour conserver leurs privilèges) en signalant le travail considérable d’une historienne courageuse; ce que prouve Annie Lacroix-Riz est important pour comprendre ce qui nous arrive: l’éclairage formidable des années 30 qui sert à prouver les intrigues déplorables des industriels et des banquiers contre les institutions républicaines.
Le lien entre nos institutions -malhonnêtes dès leur constitution, de façon à bien verrouiller l’impuissance politique des salariés- et les intrigues des banques privées -qui sont capables, pour nous asservir, de voler la création monétaire à la collectivité, et même, comme en 1940, de contraindre les représentants politiques à livrer le pays à des bourreaux qu'elles ont fait naître de toutes pièces dans les années 30-, est pour moi la découverte bouleversante de l'année 2007. On commence à avoir des preuves que le cauchemar des banquiers, c'est que les salariés (80% de la population active) échappent à leur emprise et luttent victorieusement pour augmenter leurs salaires...
C'est cette obsession viscérale des salaires chez les banquiers que démontre Annie Lacroix-Riz dans ce livre important qu'est "Le choix de la défaite" (et la vidéo l'accompagnant): chacun peut y découvrir un sabordage historique de la République dont la preuve formelle apportée par l'historienne pour les années 30 met en lumière (et permet d'enfin comprendre) le même choix, le même sabordage (pour les mêmes raisons: tenir en cage les salaires), à travers la construction européenne ardemment voulue et imposée par des banquiers et des industriels, à commencer par Jean Monnet, idole des eurolâtres, mais qui sent le souffre...
Cauchemar de banquier: des salariés dotés d'institutions leur permettant de se défendre financièrement... une République, quoi... l'horreur absolue de tous les rentiers du monde... Dans la lumière crue des années 30 révélées depuis peu par Annie Lacroix-Riz, l’article 104 de Maastricht en particulier, mais également toutes les institutions de l’UE en général, se montrent sous leur vrai jour, un jour qui n’a pas grand-chose à voir avec l’intérêt général, semble-t-il: une arme décisive concédée aux plus riches pour affaiblir les Etats européens et asservir les peuples, une fausse démocratie imposée en douce pour le compte d’une oligarchie. Rien de neuf sous le soleil: on se fout de nous. Objectivement, avec les institutions de l’Union européenne voulue par les banquiers, nos suffrages ne comptent presque plus pour rien. Ils ont construit une démocratie factice, sans nous pendant cinquante ans, et même maintenant contre nous!
Confirmation en 2008 de ce que 2005 avait révélé
Le coup de force de la voie parlementaire montre au grand jour que nous sommes dans les mains d’une bande de voleurs violeurs: nous sommes en cleptocratie. Alors, que faire?
Ils disent que le traité de Lisbonne n’est pas une Constitution, que c’est un simple traité, et que les gouvernements sont donc parfaitement habilités à signer les traités. Comment répondre à ces arguments? Comment montrer que les gouvernements ne sont pas légitimes dans la construction européenne?
Voilà mon angle d’attaque à moi: ce texte est un traité, à l’évidence, ET c’est aussi une Constitution, et c’est justement notre problème, le cœur de l’escroquerie, parce qu'on n’écrit évidemment pas une Constitution par voie de traité puisque, d’une part, nos représentants ne sont pas propriétaires de la souveraineté populaire qu’ils ne font qu’incarner temporairement et qu’ils ne peuvent absolument pas transmettre sans nous, sous peine de haute trahison, et d’autre part, ils sont à la fois juges et parties dans le processus constituant, ce qui les rend profondément suspects et illégitimes.
Les parlementaires les ministres et les juges sont évidemment en conflit d’intérêt quand ils se proclament "constituants". Rousseau le redoutait et le présageait, mais déjà à Athènes, on avait vu le piège et on faisait écrire la Constitution par un étranger… Coïncidence? Cette modalité antique a donné la seule vraie démocratie au monde où le peuple contrôlait vraiment quotidiennement les hommes qu’il plaçait au pouvoir.
C’est Goethe qui disait: "Tout a déjà été pensé; l’important est d’y penser à nouveau." Ce texte, comme les autres, est une Constitution de fait, indépendamment de l’étiquette que veulent bien lui coller ses auteurs (un fiole de poison n’est pas moins dangereuse quand on lui retire son étiquette); ce texte est une Constitution par la nature des règles qu’il porte, parce qu’il institue des organes producteurs de normes obligatoires et donc dangereuses (un Parlement, un gouvernement, des juges, une hiérarchie de normes, des procédures…).
Rappelons qu’une Constitution est un acte de défiance qui sert à protéger le peuple des abus de pouvoir (cf. Benjamin Constant, Montesquieu et tous les libéraux qui n’avaient qu’une idée en tête -et ils avaient bien raison, on le confirme aujourd’hui- pour protéger les libertés individuelles: c’était de limiter et d’affaiblir les pouvoirs, notamment en séparant les pouvoirs). Chaque citoyen devrait apprendre ça à l’école, et ne jamais l’oublier: une Constitution sert à affaiblir les pouvoirs, à les contrôler tous, notamment -mais pas seulement- en les séparant: diviser pour affaiblir.
Ce que j’affirme haut et fort, c’est qu’on n’écrit pas les Constitutions par voie de traité: les citoyens devraient refuser que les hommes au pouvoir écrivent eux-mêmes les règles du pouvoir. Ce n’est pas aux parlementaires ni aux ministres ni aux juges d’écrire ou de modifier la Constitution car ils ont un intérêt personnel à notre impuissance politique, ils sont à la fois juges et parties dans le processus constituant et ils trichent, naturellement.
La Constitution de fait qui fonde l’UE est donc profondément illégitime car elle résulte d’un abus de pouvoir. Solution: avant de séparer les pouvoirs constitués (législatif, exécutif, judiciaire, et j’ajoute médias d’information qu’une bonne Constitution devrait sûrement prendre en charge aujourd’hui) et pour rendre possible cette séparation des pouvoirs constitués, il faut, tout à fait prioritairement, séparer le pouvoir constituant des pouvoirs constitués, il faut que ce ne soit pas les mêmes hommes: il ne faut surtout pas que les constituants écrivent des règles pour eux-mêmes, la clef de nos malheurs est là. Par négligence, par indifférence, par paresse, par renoncement, nous laissons écrire la Constitution par les seuls hommes qui ne devraient surtout pas l’écrire…
Donc, pour que cesse enfin cet abus de pouvoir de nos élus qui s’arrogent le droit d’écrire et réviser eux-mêmes la Constitution, nous ne devons rien attendre des pouvoirs en place, qui ne feront rien, à l’évidence, dans un sens qui irait contre leur intérêt personnel: tous ces gens vont tout faire pour continuer à écrire et modifier les constitutions sans nous, en nous privant de l’essentiel, c’est-à-dire du référendum d’initiative populaire (l’institution la plus dangereuse pour eux). Non, c’est à nous et à nous seuls, et sans rien attendre de nos parlementaires, d’imposer un processus constituant honnête, sans eux.
Et un processus constituant honnête, c’est une Assemblée constituante, bien sûr, mais surtout pas élue comme d’habitude, parce que si ce sont les partis qui nous imposent leurs candidats -partis qui sont des machines à prendre et à garder le pouvoir, et qui sont donc des repaires d’hommes de pouvoir-, on va encore avoir des hommes de pouvoir qui écrivent les règles du pouvoir et on n’en sortira pas. Non, il faut que l’Assemblée constituante soit tirée au sort: en effet, TOUT VAUT MIEUX QUE LA SITUATION ACTUELLE, qui est la pire qui puisse être puisque des hommes écrivent des règles pour eux-mêmes, en ayant un intérêt personnel contraire à l’intérêt général.
C’est ça le cœur de toutes nos difficultés, et qui devrait surgir dans le débat public si nous avions davantage de bons journalistes, inquiéteurs des pouvoirs, sentinelles du peuple. C’est donc à nous de nous passer le mot, avant d’être assez nombreux pour finalement l’imposer: ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, on n’écrit pas les constitutions par voie de traité, il nous faut une Assemblée constituante tirée au sort et nous exigeons de valider son projet (ainsi que toute révision ultérieure) par référendum.
Clairement, on a encore du chemin à faire pour sortir de ce que j’appelle "la préhistoire de la démocratie". Ce que Giscard lui-même, dans Le Monde du 26 octobre 2007, a affirmé de ce traité de Lisbonne devrait amener les 16 millions d’électeurs qui ont voté non à descendre dans la rue: c’est le même traité que le précédent, illisible, et s’il est compliqué, Giscard dit que c’est sciemment, pour rendre impossible le référendum, pour "faire avaler" le texte aux Français…
Giscard dit aussi que tout ce qui tenait à cœur aux Conventionnels en 2004 se retrouve dans le traité de Lisbonne, sauf que c’est dans un ordre différent. Ma conclusion est celle-ci: tout cela arrive parce que ceux qui écrivent les règles les écrivent pour eux-mêmes et qu’ils trichent. Ce que va faire le Congrès ce lundi est grave, et personne n’en sait rien. Décidément, on se fout de nous".
Un choix terrible a été fait par les élites du système financier international : abandonner le dollar pour essayer de sauver le reste de l'empire financier international. Depuis plusieurs semaines, les autorités financières sont coincées dans un dilemne terrible : ne pas inonder de liquidités les marchés, c'était condamner à court terme le système financier mondial à la banqueroute, c'était faire de la City de Londres le "ground zero" de la désintégration financière internationale, c'était prendre le risque de voir toutes les satrapies de l'empire anglo-américain se tourner de nouveau vers des idées de protectionnisme, de régulations, de dévelopement du marché intérieur et même de banque nationale - horreur! Mais inonder le marché de liquidités, c'était condamner l'économie mondiale à l'hyperinflation, et finalement obtenir le même résultat que l'option précédente, mais un peu plus tard - horreur derechef! Alors quoi?
Alors, le 21 janvier dernier, en réponse aux alertes concernant les réhausseurs de crédit, les marchés financiers internationaux plongeaient suite à la panique provoquée par la perspective de dévalorisation d'actifs, dans un marché de crédit asséché par la méfiance réciproque des acteurs financiers - méfiance justifiée : ils savent tous très bien "cuisiner" leurs livres de comptes pour faire disparaître leurs endettements, et savent tous que tous leurs confrères font de même. Au même moment, la Société Générale "débouclait" la "position" de Jérôme Kerviel - environ 50 milliards d'euros - soi-disant sous le coup de la panique face aux risques pris par le trader. On appelle ça "shorter", c'est-à-dire vendre d'un seul coup un énorme volume d'un ou de plusieurs titres, afin d'en faire chuter "artificiellement" et excessivement la valeur, et éventuellement les racheter ou faire des affaires sur le mini-krach ainsi produit. Bref, en shortant, on espère provoquer une panique pour obtenir un profit.
Et donc, le 21 janvier, dans les bourrasques du Krach et les turbulences du nettoyage de la SocGen, monsieur Ben "hélicoptère*" Bernanke a baissé les taux de la FED de 0.75%, du jamais vu (et encore de 0.50% hier), et George Bush a promis un "stimulus package" de 140 milliards de $. Ils ont donc choisi le déluge de liquidité. Etait-ce l'effet attendu par les élites européennes? En tout cas, en Europe, on n'a rien fait de ce genre. En Europe, on semble avoir décidé de nettoyer calmement, en consolidant ci, en rachetant ça, en adossant tel à tel. Les taux? Pas touche! La boussole de monsieur Trichet n'a, comme il le dit lui-même, qu'une seule aiguille, et celle-ci pointe vers le danger d'inflation, pas vers l'économie réelle. Tout-va-très-bien, qu'on vous dit! En effet, on pourrait considérer que pour l'Europe, tout va aller bien pour un certain temps, dans cette situation. Car les autorités américaines se sont mises toutes seules dans la situation de l'Allemagne d'après la Grande Guerre 14-18, et ce faisant vont offrir sur un plateau tout ce qui vaut réellement quelque chose dans leur pays à leurs débiteurs, en émettant du "papier" à gogo. Ce sont donc les Etas-Unis qui vont payer, pour tout les autres. C'est ce qu'explique très bien le vidéo suivante, réalisée par le Larouche Youth Movement aux USA et sous-titrée par sa branche française :
Le résultat de cette politique, dans les années trente, fut le fascisme européen et la seconde guerre mondiale. Si cette politique est effectivement appliquée aujourd'hui contre les USA, qu'espérer, sinon les mêmes conséquences, sous d'autres formes? C'est bien contre la guerre qui vient qu'il nous faut un Nouveau Bretton Woods, vite! * "Hélicoptère", car Ben avait promis, lors de son accession à la tête de la FED, de ne jamais laisser les marchés s'effondrer, dut-il les bombarder de liquidités par hélicoptère. Je vous jure que c'est vrai!
Dans la finance internationale, on respecte surtout le 11ème commandement ; "Tu ne te feras point prendre." Tous les moyens sont bons pour le respecter. La Société Générale s'est fait prendre. SIV, CDO, titres de créances, dérivés et options de dérivés, la Générale touchait à tout et était devenue une géante en appliquant les méthodes de "comptablité créative" de ses consoeurs anglo-saxonnes. Elle s'en est très bien sortie tant que les marchés étaient haussiers, et s'est pris une claque au retournement de celui-ci. C'est normal, c'est bien fait. Comme ses consoeurs, la Générale était - est toujours - surexposée. Mais il est quasi impossible de savoir où ni de combien, grâce aux diverses dérégulations du système financier européen et mondial, et grâce aux montages sophistiqués possibles qui permettent de camoufler de mille manières des pertes, même colossales. C'est d'ailleurs la défense qu'offre M. Guaino à ses amis Bouton et Mustier (ce n'est pas une contrepèterie), dans ce cable AFP :
Banque: "corriger les règles" (Guaino) Source: AFP
Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy, a affirmé aujourd'hui qu'il fallait réfléchir à "la manière de corriger les règles" d'un système bancaire "devenu fou", lors du grand jury RTL/Le Figaro/LCI. Interrogé sur l'affaire de la Société générale, qui affirme être victime d'une "fraude" record de 4,9 milliards d'euros de la part de l'un de ses traders, M. Guaino a estimé que dans le système bancaire "tel qu'il est, nulle part dans le monde, un patron de banque ne sait exactement ce qui se passe dans sa banque pour des raisons qui tiennent à la nature du capitalisme financier".
En fin de semaine dernière, la panique s'était emparée des opérateurs financiers mondiaux suite à l'annonce de la dégradation probable des réhausseurs de crédits. Lundi et mardi dernier, on a vu les bancaires chuter spectaculairement partout sur la planète. La cause : les dépréciations d'actifs dues aux dégradations des réhausseurs, qui obligeraient les banques à chercher du capital pour garantir leurs en-cours, dans un marché de crédit asséché et archi-méfiant, au point que même les réhausseurs réputés archi-sûrs n'arrivaient pas à trouver de fonds. La SocGen, en déroute depuis un petit moment déjà, devait présenter comme tout le monde ses comptes début janvier. Dire la vérité était impossible : la vérité, c'est que toutes les banques sont en faillite.
Mais en Europe, "les fondamentaux sont sains" et "la crise, connait pas", disent les élites financières et européennes. Il ne faut surtout pas de second Northern Rock. Si la Société Générale se vautre, c'est bien sûr à cause de délits "inévitables" accomplis par un individu isolé et fragile psychologiquement, mais suffisamment solide pour jongler avec des dizaines de milliards d'euros. D'où la théorie fumeuse du "trader solitaire", qu'on a même accusé d'avoir provoqué le krach de lundi dernier. Comme la balle magique de Lee Harvey Oswald, la liquidation des paris spéculatifs de M. Kerviel - réalisés pour le compte exclusif de la Générale, c'est admis - ont fait perdre partout à la planète financière des centaines de milliards de dollars, voire plus. Si c'est vrai, M. Bouton s'est fait des copains ! Il était risible de voir M. Bouton raconter sa fable avec une tête de pénitent très réussie, et encore plus drôle de le voir se défendre face aux journalistes furieux, comme un môme pris la main dans le pot de confiture. Une petite question en passant : qui a vendu du SocGen en masse depuis début janvier ? Mais bon, malgré l'invraisemblance totale de cette histoire, ordre a été donné à la presse dite "de référence" de la vendre. Photos sinistres, problèmes affectifs, comportement associal, "en fuite", la totale. J'ignore, comme à peu près tout le monde, le rôle exact de Kerviel dans tout cela. Comme tous les jeunes loups du trading, il sait que la "prise de risque" - tout ce qui est possible selon le 11ème commandement - est sollicitée par la hiérarchie avec insistance, et que les bonus juteux la récompense, si ça marche. Je suppose que les enquêteurs de la brigade financière doivent en ce moment se régaler de la cuisine interne de la Générale. Quelques nouvelles :
La garde à vue du trader accusé par la Société Générale d'avoir causé près de 5 milliards de pertes a été prolongée Jérôme Kerviel, 31 ans, est entendu à la Brigade financière depuis samedi 14h. Selon la police, "il s'est présenté spontanément, collabore et est prêt à s'expliquer". Les avocats de Jérôme Kerviel ont accusé dimanche la banque de vouloir "élever un écran de fumée qui détournerait l'attention du public de pertes beaucoup plus substantielles". Me Elisabeth Meyer et Christian Charrière-Bournazel, les avocats de J.Kerviel, ont affirmé que ce dernier n'avait "commis aucune malhonnêteté, n'a pas détourné un seul centime, n'a profité d'aucune manière des biens de la banque". Les enquêteurs veulent savoir comment il aurait fait pour contourner les multiples protections de la banque, s'il a agi seul, et la nature de ses motivations. Le parquet de Paris, du fait de sa compétence de juridiction interrégionale spécialisée, est saisi actuellement de deux plaintes. La première contre X a été déposée jeudi matin au nom d'un petit porteur pour "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel" et a conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière. La seconde a été déposée par la Société Générale contre M. Kerviel pour "faux et usage de faux" et "atteinte au système de traitement automatisé des données". La garde à vue de M. Kerviel est intervenue au lendemain d'une perquisition des enquêteurs de la Brigade financière à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Les policiers ont emporté des documents, peu dignes d'intérêt selon une source proche du dossier citée par l'AFP.
Précisions de la Société Générale Les positions frauduleuses prises par son trader atteignaient "environ 50 milliards d'euros" avant d'être liquidées dans l'urgence, les pertes se montant finalement à 4,9 milliards d'euros, a indiqué dimanche la Société Générale. La banque précise, dans une "note explicative", que la position frauduleuse a été "débouclée" (vendue) en trois jours, "suivant un mode opératoire contrôlé", c'est-à-dire dans des limites de volumes inférieures à 10% des volumes traités sur les indices européens concernés, pour "respecter l'intégrité des marchés. L'opération était terminée le 23 janvier au soir. Daniel Bouton nie toute dissimulation La version donnée par la Société Générale, selon laquelle un trader isolé aurait provoqué des pertes de 4,9 milliards d'euros, suscite des doutes. Alors que les explications de la banque sur ses pertes colossales ont suscité l'incrédulité voire les critiques, le PDG Daniel Bouton s'est défendu samedi dans un entretien au Figaro . Il a réfuté notamment toute dissimulation: "Ce qui est arrivé à la Société Générale n'a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie. Cela s'apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d'un groupe industriel". Il a rejeté l'hypothèse d'avoir "transféré dans un trou nouveau des pertes provenant d'un autre trou", en l'occurrence celui généré par la crise financière internationale. "Cela, a-t-il souligné, ne tient pas debout, ni techniquement ni comptablement." Il a aussi démenti la responsabilité de la banque dans la chute des marchés financiers en début de semaine, ainsi que dans la décision mardi de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'abaisser son principal taux directeur de 0,75 point. Les plus hautes autorités de l'Etat, de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, se sont employées vendredi et samedi à rassurer. Samedi en Inde, où il était en visite d'Etat, M. Sarkozy a plaidé pour une meilleure "transparence" des marchés financiers, estimant qu'ils devraient favoriser les entrepreneurs plutôt que les spéculateurs. "Il faut arrêter avec un système financier qui marche sur la tête et qui perd de vue sa finalité", a-t-il ajouté.
Des pertes en Allemagne, selon le Spiegel Le trader accusé de "fraude" à la Société Générale avait acheté 140.000 contrats sur l'indice-vedette DAX en Allemagne, affirmait samedi le site internet de l'hebdomadaire Spiegel. Ces contrats auraient été négociés il y a "quelques semaines" sur le marché dérivé Eurex, filiale suisse de Deutsche Börse. Le DAX a perdu 600 points entre le début de l'année et le 18 janvier, souligne le site, et Kerviel "probablement autour de 2 millards d'euros", estime-t-il. "Les chefs de la banque parisienne ont reçu d'Allemagne les signaux d'alerte" sur ces pertes colossales, affirme le site du Spiegel.
Rappel de l'affaire Jeudi, la Société Générale annonce avoir été victime d'une "fraude" de 4,9 milliards d'euros, concernant ses activités de produits financiers dits dérivés. Cette annonce a éclipsé une autre perte de 2 milliards d'euros, liées à la crise de "subprime". La banque explique que l'un de ses traders, Jérôme Kerviel, 31 ans, a profité de "sa connaissance approfondie des procédures de contrôle" pour "dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives". Il aurait ainsi dissimulé des transactions portant sur plusieurs milliards d'euros. Le trader est mis à pied et la Banque de France annonce qu'elle va diligenter une enquête. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière, après la plainte d'un actionnaire. La Société Générale dépose elle aussi une plainte pour "faux en écritures de banque, usage de faux en écritures de banque et intrusions informatiques. Le PDG de la banque Daniel Bouton annonce qu'elle va procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros pour renforcer ses fonds propres.
Complice, lampiste, nous verrons bien. Mais la réalité, c'est que la Générale comme les autres est en déroute, que les plus malins - les insiders - ont vendus depuis longtemps, et que les conseillers financiers de toutes les agences de trading font du forcing auprès de leurs petits clients pour qu'ils conservent leurs titres, voire même qu'ils achètent selon l'adage "buy cheap, sell dear" - "achète à la baisse, vend à la hausse". C'est bien entendu criminel, cela tient de l'escroquerie, mais comme le disait Roosevelt :
Quel recours pouvait avoir le petit actionnaire, même s'il avait connaissance de ces trafics ? Si, au nom de la morale, on demandait à ces gens-là : « Que pense votre conscience de ces procédés ? », ils répondraient : « l'essentiel pour nous est de ne pas contrevenir à la loi » ou bien « Combien de temps avons-nous encore pour continuer ces opérations ? »
Quoiqu'il en soit, cette histoire-écran de fumée n'empêchera pas la poursuite de la désintégration du système financier international, dont voici des nouvelles :
USA/Crédit - Les rehausseurs pourraient avoir besoin de $200 mds
par Neil Shah
WASHINGTON, 25 janvier (Reuters) - Les rehausseurs de crédit, mis à mal par la crise des subprime et la crise financière en général, ont tenté vendredi de rassurer les marchés alors que selon certaines estimations, ces assureurs auraient besoin de 200 milliards de dollars pour rester à flot. Une injection de fonds propres permettrait aux rehausseurs de maintenir leur note de crédit au plus haut, outil indispensable pour leur activité qui est de garantir paiement et intérêts de toute une série d'émissions obligataires (obligations adossées, emprunts des collectivités locales, etc.) Avec les défauts en augmentation de la part des ménages modestes ayant emprunté sur le segment du crédit immobilier à risque (subprime) et la chute de valeur des titres liés au subprime, les analystes redoutent que les rehausseurs de crédit ne soient redevables de milliards de dollars sur les émissions qu'ils ont garanties. Les deux principales sociétés de rehaussement de crédit sont MBIA et Ambac Financial Group. Deux commissions du Congrès s'intéressent à la question, tandis que le directeur de l'assurance de l'Etat de New York Eric Dinallo a exhorté les grandes maisons de Wall Street à mettre la main au portefeuille pour soutenir ces assureurs, dits aussi "monoline". Wall Street, certains estiment que le plan orchestré par l'Etat de New York, qui n'en est qu'au stade de l'ébauche, pourrait ne pas être suffisant. "Les chiffres qui circulent d'une injection de l'ordre de 15 milliards de dollars sur les monolines nous semble comme un cautère sur une jambe de bois", estiment les analystes du fonds spéculatif Bridgewater Associates dans une note diffusée jeudi à leurs clients. "Si l'on regarde les variations de cours des instruments qu'ils garantissent de même que leurs réserves, il nous semble qu'ils ont besoin d'au moins 70 milliards en plus de leurs réserves actuelles", ajoutent-ils.
TENTATIVES POUR RASSURER Sean Egan, de la société de notation de crédit Egan-Jones Ratings, estime à 80 milliards de dollars les pertes possibles des six premiers assureurs monolines. Ce qui signifie que les rehausseurs pourraient avoir besoin de plus de 200 milliards de dollars pour conserver leur note "AAA", ajoute-t-il. A l'inverse pour Dick Smith, analyste chez Standard & Poor's, même si l'on parvient à moins que les 15 milliards de dollars cités par la presse, cela pourrait être suffisant pour conserver les rations prudentiels des établissements concernés.
En outre, les banques de Wall Street ont investi dans les valeurs financières complexes qui bénéficient d'une notation supérieure en raison des garanties apportées par les rehausseurs de crédit. Une baisse de leur notation contraindrait les banques à déprécier la valeur de ces obligations pour refléter leur risque devenu plus élevé. Pour compenser ces pertes potentielles, les banques pourraient avoir besoin de lever jusqu'à 143 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires, selon une étude publiée vendredi par Barclays Capital. De son côté, l'Association of Financial Guaranty Insurers a tenté de rassurer le marché en publiant un communiqué indiquant que ses membres étaient en "bonne santé financière" et a dit ne pas vouloir d'un sauvetage qui se ferait avec l'argent du contribuable. "C'est un problème de liquidité, ce n'est pas un problème de fonds propres, si tant est qu'il y ait problème", a déclaré Bob Mackin, le directeur exécutif de l'association, joint au téléphone. "Le secteur n'est pas au bord du dépôt de bilan. Rien n'est aussi éloigné que cela de la réalité", peut-on lire dans un communiqué distribué par un représentant de l'association. Pendant ce temps, le milliardaire Wilbur Ross serait en train d'étudier diverses possibilités liées au rehaussement du crédit - créer sa propre société ou entrer au capital de firmes existantes - selon le Financial Times.
Quand les colonnes du temple financier mondial se fissurent, il est temps de courir à l'abri, se disent les fidèles. Certaines de ces colonnes ont pour nom "assureurs monoligne". La presse française, dans un souci pédagogique rare, les nomment par leur fonction : réhausseurs de crédit. En effet, ces compagnies, bénéficiant des meilleures notations des grandes agences comme Fitch et Moody's, vendent aux banques cette qualité afin de les faire profiter des meilleurs taux d'intérêts sur les marché de crédits : elles se portent garants de la qualité des titres des banques qui achètent leurs services, ce qui leur permet d'emprunter au meilleur taux pour se refinancer. Ces compagnies sont donc par nature essentielles à la stabilité des marchés, et extrêmement sourcilleuses en ce qui concerne la qualité de leurs actifs, qualité qui détermine leur notation. Mais plus sourcilleux encore sont les acteurs des marchés aujourd'hui qui, déjà en caleçon depuis mi-Août, s'aperçoivent que la valeur des titres qu'ils avaient conservé et qu'ils croyaient solidement établie, par ce système même, n'existe plus. Car, malheur, voici que ces réhausseurs de crédit sont en déroute, que leur note est dégradée, et que partant tous les titres de toutes les banques qu'ils garantissaient sont, d'un seul coup, massivement dévalués. Echaudés, terrorisés et souhaitant conserver un bout de tissu pour résister aux rigueurs de l'hiver financier qui s'installe, nos acteurs financiers unanimes vendent ! Cela donne une vente panique, c'est ce qu'on vu hier, et certains sont si désespérés qu'ils vendent même leur "placements à la papa", leurs pelotes. D'ou quelques curiosités, comme les chutes brutales des valeurs sur les marchés de matières premières, alors qu'en temps de petit krach "cyclique" ces placements sont très recherchés. Mais voilà : ce n'est pas une crise cyclique, mais systémique. C'est le système post Bretton Woods qui est en train de se décomposer, et toute tentative de relance dans le système ne peut qu'accélérer cette décomposition. Voici ce que disait vendredi l'AFP sur le choc de la dégradation des "réhausseurs":
WASHINGTON, 18 jan 2008 (AFP) - La crise du "subprime" pourrait connaître un nouveau rebondissement avec l'effondrement des rehausseurs de crédit, métier largement méconnu jusqu'ici, dont la possible faillite serait susceptible d'avoir des conséquences dramatiques pour les marchés financiers. Les principaux acteurs du secteur aux Etats-Unis, MBIA et Ambac, ont été très chahutés depuis deux jours à la Bourse de New York, après avoir déjà parcouru ces dernières semaines un véritable chemin de croix boursier. Vers 20H10 GMT vendredi, le numéro un américain MBIA perdait encore 7,70%, à 7,70 dollars, après avoir déjà laissé en chemin 31,19% lors de la séance précédente. Son dauphin Ambac regagnait à la même heure 6,19%, à 6,63 dollars, mais ce gain était loin de compenser sa chute de la veille (-51,89%). Le marché s'inquiète de voir ces deux groupes privés de leur bien le plus précieux: la note que leur ont attribuées les agences de notation. Leur note "AAA", la meilleure possible, leur permet d'assurer des émissions obligataires en faisant bénéficier les emprunteurs de termes plus favorables. Mais ces mêmes agences de notation qui leur ont attribué cette note ont commencé à revoir leur position, en s'inquiétant des conséquences de la crise des crédits immobiliers à risque sur la marche de leurs affaires. Après avoir initialement choisi de n'assurer que les emprunts sans risque des collectivités locales américaines, les rehausseurs se sont, en effet, aventurés ces dernières années sur le terrain de la dette privée. Ils se sont ainsi portés garants du remboursement de titres complexes, adossés à des crédits "subprimes". La dégringolade de la valeur de ces titres, et l'augmentation de la probabilité de défaut de certains d'entre eux, a fragilisé ces rehausseurs, ainsi que leur note. Vendredi, l'agence de notation Fitch a abaissé de deux crans le "rating" d'Ambac, ramené de "AAA" à "AA", quelques heures après que ce dernier eut renoncé à la recapitalisation envisagée, au vu "des conditions de marché" (trad : plus personne ne prête quoi que ce soit à qui que ce soit). Dans son communiqué, Fitch a rappelé que, selon son estimation, il manquait à Ambac un milliard de dollars de fonds propres pour pouvoir exiger la note maximale. L'agence a relevé aussi les "incertitudes accrues" sur le modèle économique du numéro deux américain du secteur. Fitch n'a pas exclu d'abaisser de nouveau la note d'Ambac, celui-ci étant maintenu sous surveillance négative. La veille, une autre grande agence de notation, Moody's investor service, avait déjà annoncé qu'elle pourrait dégrader la note de ce groupe. La perte de la note "AAA" a pour conséquence la dégradation automatique de tous les titres garantis par le rehausseur de crédit, diminuant sensiblement leur valeur. Un mouvement qui affecterait instantanément tous les investisseurs qui possèdent certains de ses titres dans leur portefeuille. Les grandes banques américaines, qui bien qu'ayant réduit leur exposition au "subprime" n'en ont pas effacé toute trace de leur bilan, seraient alors contraintes de passer de nouvelles dépréciations d'actifs. Ces dépréciations supplémentaires, alors même qu'elles ont déjà atteint plusieurs dizaines de milliards de dollars depuis l'éclatement de la crise, pèseraient directement sur les résultats des banques. Au-delà, les marchés financiers craignent désormais le dépôt de bilan pur et simple de certains rehausseurs, ce qui annulerait, de fait, la garantie dont bénéficient les titres qu'ils assurent, et provoquerait un vent de panique. Sans compter qu'elle aurait nécessairement des répercussions sur tous les acteurs du secteur, notamment FSA, filiale de la banque franco-belge Dexia, et CIFG, propriété conjointe des banques françaises Caisse d'Epargne et Banque Populaire.
Diantre ! Et voici l'article de Nicolas Cori, de Libération, qui est plus laconique et précis :
La chute des rehausseurs de crédit lundi 21 janvier 2008
Crise des subprimes oblige, la semaine s’annonce mouvementée sur les marchés financiers. Surtout qu’une nouvelle digue est en train de lâcher : celle des rehausseurs de crédit (ou monoline insurers). MBIA, Ambac, FSA et FGIC, les quatre principaux monolines, risquent ni plus ni moins que la faillite. Ce qui provoquerait un nouveau vent de panique.
Derrière le nom barbare de rehausseur de crédit se cache une profession peu connue du grand public, mais indispensable au monde financier. A l’origine, ces sociétés garantissaient les crédits contractés par les collectivités locales américaines, qui pouvaient ainsi emprunter à moindre prix. Un peu comme un locataire désargenté obtient d’un garant un soutien financier pour avoir la confiance de son propriétaire. Les investisseurs, eux, ont confiance dans les monolines car leur solidité financière, mesurée par les agences de notation, est considérée comme la meilleure possible : ils obtiennent tous la meilleure note (AAA), dont ils font bénéficier les emprunteurs qui recourent à leurs services.
Mais ce beau système risque de s’écrouler. Appâtés par le gain, les monolines se sont aventurés sur un marché risqué : celui des Collateral Debt Obligations (CDO), ces produits financiers issus, notamment, des prêts immobiliers contractés par les ménages américains - dont les crédits subprimes - et qui voient leur valorisation s’écrouler. Aujourd’hui, les agences de notation se demandent si les monolines ont les reins suffisamment solides pour faire face à toutes les faillites de fonds supbrimes. Et envisagent de dégrader leur note. Ce qui serait synonyme de faillite, puisque, sans le fameux AAA, plus aucun emprunteur n’aurait intérêt à utiliser leurs services. La semaine dernière, les cours de MBIA ou d’Ambac se sont ainsi écroulés de plus de 50 %. Mais le pire concerne toute la planète finance. En cas de dégradation, tous les titres garantis par les rehausseurs de crédit perdraient leur notation, ce qui diminuerait leur valeur, voir la réduirait à zéro. Et tous les investisseurs possédant de tels titres devraient déprécier leur portefeuille. Le montant total des titres garantis par les monoliners est de l’ordre de 2 000 milliards de dollars. De quoi présager de nouveaux records de pertes à Wall Street.
NICOLAS CORI
Dont acte en Europe et en Asie hier lundi et ce matin. C'est justement ce matin qu'on apprend que les pompiers du système ont décidé de verser une nouvelle quantité astronomique de liquidités sur le feu financier. Attention, c'est bref :
Etats-Unis : la fed abaisse son principal taux directeur de 0,75% (AOF) 22/01/2008 14h34- La Fed a annoncé une baisse de son principal taux directeur, les fed funds, de 0,75% à 3,50%. Dans son communiqué, la banque centrale américaine a motivé sa décision par l'affaiblissement de perspectives économiques et la hausse des risques pesant sur la croissance.
C'est tout. Pas de commentaire, ou si peu. On peut les comprendre, ils l'ont déjà fait plusieurs fois et s'aperçoivent que si, comme l'huile sur le feu, leur action calme un instant la fureur du brasier financier, il n'en repart que de plus belle grace à cet apport de combustible. Pauvre Trichet, lui qui voulait tant la place. Ce n'est pas comme papy Greenspan, qui a pris malicieusement la tangente au moment opportun, en laissant la patate chaude à Bernanke. Il est bien entendu plus que temps de soutenir la mise en place d'un nouveau Bretton Woods, dont la meilleure présentation se trouve ici.
Les représentants de la Souveraineté Nationale sont invités, le 4 Février 2008 à Versailles, par le Maréchal président Sarkozy, à la trahir. La Constitution que nous avons rejetée par référendum le 29 mai 2005, on nous la refile remaquillée, mais par voie parlementaire. Plus énervant, le caractère d'inéluctabilité que les médias attachent à cette procédure et la complicité enthousiaste du tartuffe secrétaire général du PS, font bouillir le peuple. Le mot d'ordre "Tous à Versailles", évident pour tout patriote, a été lancé depuis début décembre. Difficile d'en trouver trace dans les principaux médias, mais le travail se fait tout de même par les tuyaux d'internet : le réseau tousaversaillesle4fevrier2008.fr, Attac, le PCF participent à l'appel. Au PS, la lâche satisfaction des caciques ouiouistes appelant au boycott tout en souhaitant la constitution et en sachant parfaitement que, lors du congrès, seuls comptent les votes exprimés des parlementaires présent, provoque la fureur des partisans d'un nouveau référendum, dont les nonistes (ici, ici, ou encore là), mais pas seulement. A droite, seuls les souverainistes sauvent l'honneur. On peut prévenir nos élus en deux clics, grace au travail étonnant fait par les auteurs de ce site. Une curiosité supplémentaire du processus crapuleux du passage en force de la constitution se trouve sur ce site, et je reproduis ici cet article :
Une note officielle évoque 'l'impératif de discrétion qu'impose le processus de ratification' - Mercredi 09 Janvier 2008
Le European Policy Centre , puissant think tank fédéraliste installé à Bruxelles, a publié fin novembre une étude complète sur la création et la mise en place du futur Service Européen d'Action extérieure (article 13 bis), c'est à dire d'une diplomatie progressivement unique, après la ratification du Traité de Lisbonne. Avec le passage à la majorité qualifiée de 11 compétences de politique étrangère et la création d'un "Haut Représentant" c'est à dire un "Ministre" des affaires étrangères "sans le nom", le traité programme une «européanisation » progressive des carrières des diplomates nationaux, qui seront amenés à occuper des postes au siège du service à Bruxelles ou dans les délégations à l'étranger. L'on peut en particulier y lire que Antonio Missiroli, co-auteur du rapport et directeur des études de l'EPC, relève un "paradoxe entre l'urgence du dossier" (la mise en place est prévue au début de l'année 2009 si le Traité est ratifié dans les délais prévus) et... "l'impératif de discrétion qu'impose le processus de ratification du traité tout au long de l'année 2008" ! Selon lui, la présidence française de l'UE au second semestre 2008 héritera de cette "responsabilité". Le pire est que ces incroyables recommandations de "discrétion" sur la ratification du traité de Lisbonne, sont exprimées sans complexe par son auteur mais aussi citées, sans plus de complexe par une note de janvier 2008 intitulée "Panorama des Think tanks bruxellois" de la Représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne à Bruxelles...autrement dit de la diplomatie française elle-même.
Cela m'emplis de fureur ! Non seulement la discrétion des journalistes est d'un seul coup tout à fait expliquée, mais encore il y a urgence à nous faire avaler la pilule ! Pourquoi donc ? Je suis convaincu que c'est en raison de la désintégration financière internationale : cette constitution donne pleins pouvoirs (tous les pouvoirs) aux milieux financiers de la City, ceux-là même qui sont en train de tout perdre aujourd'hui. Comme le fait remarquer Etienne Chouard :
" Il y a un rouage essentiel qui m’est apparu cette année. Je commence même à y voir le cœur du piège, le diamant central, le moteur de notre impuissance… C’est l’article 104 de Maastricht (qui est devenu l’article 123 du traité de Lisbonne). Il dit ceci : « Les États n’ont plus le droit d’emprunter auprès de leurs banques centrales ». Pour le commun des mortels c’est incompréhensible. De quoi s’agit-il ? Depuis des siècles, les États ont abandonné une partie de leur pouvoir de créer la monnaie aux banques privées : les banques ont obtenu des gouvernants, très certainement par corruption, le droit (fondamental) de créer la monnaie. Mais au moins, jusqu’à une période récente (1974 en France), les États partageaient encore avec les banques privées le droit de créer la monnaie : quand un État avait besoin d’argent pour créer des voies ferrées, des logements ou des hôpitaux, l’État créait lui même sa monnaie, et il ne devait pas payer d’intérêts pendant les remboursements - ne relâchez pas votre attention et n’oubliez pas : c’est le point crucial, celui qui vous condamne aux travaux forcés au profit de rentiers oisifs. C’est comme cela que l’État créait la monnaie : l’État empruntait auprès de sa banque centrale (qui créait cette monnaie pour l’occasion) et, au fur et à mesure où l’État remboursait cet emprunt, la Banque centrale détruisait cet argent, mais sans faire payer d’intérêts à l’État ! Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État —et c’est sans doute pareil dans les autres pays européens— s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à-dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher. Dans quel intérêt ? L’intérêt général ? Vous plaisantez, sans doute ! Je vous fais remarquer que, précisément depuis 1974, la dette publique ne cesse d’augmenter et le chômage aussi. Je prétends que c’est lié. Ce n’est pas fini : depuis 1992, avec l’article 104 du traité de Maastricht, cette interdiction pour les États de créer la monnaie a été hissée au plus haut niveau du droit : international et constitutionnel. Irréversible, quoi, et hors de portée des citoyens. On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers, propriétaires de fonds à prêter à qui voudra les emprunter », il y aurait eu une révolution. Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année ; mais on ne peut plus rien faire. Ce sujet devrait être au cœur de toutes nos luttes sociales, le fer de lance de la gauche et de la droite républicaines. Au lieu de cela, personne n’en parle. C’est consternant."
Il a raison. J'ajouterai que cet article, qui interdit aux états d'emprunter auprès de la BCE, met les nations européennes à la merci du financiarisme prédateur et de l'esclavage de la dette. Si ce congrès vote la réforme, il n'y aura plus entre lui et l'assemblée de 1940 beaucoup de différences. Alors oui, Tous à Versailles le 4 Février 2008 !
La France et la tentation de trahison : De quoi Sarkozy est-il le nom ? Vidéo avec Alain Badiou, texte de Marc Bloch
Vous aurez certainement remarqué que notre blog insiste beaucoup sur la tradition de Franklin Delano Roosevelt, sur les moyens de développer l'esprit de résistance, sur la désintégration financière internationale et sur la nature du pouvoir Sarkozien. Sur ce dernier point, qui a un rapport avec les trois autres, je vous présente ici deux documents : Une vidéo de l'interview de M. Alain Badiou, philosophe, réalisée par M. Frédéric Taddéï lors de son émission "Ce soir ou jamais", ou le penseur développe librement sa pensée. La raison de cette interview provient de la réaction hystérique du "système" contre son dernier ouvrage : "De quoi Sarkozy est-il le nom ?". Un déluge d'attaques, dont celle, bien sur, d'antisémitisme, s'est abattu sur sa personne. Qu'à cela ne fasse, réponds Alain Badiou, en citant Mao Zedong - «Etre attaqué par l’ennemi est une bonne chose, et non une mauvaise chose». Effectivement, cela permet de mieux le connaitre, de mieux voir ses faiblesses et de s'en servir. Soit dit en passant, Alain Badiou écrit que Sarkozy est le nom du Néo-Pétainisme. J'ai ajouté à la suite de cette interview un texte de Marc Bloch - historien, résistant et martyr - publié en juillet 1943 dans Les Cahiers Politiques, n°2, organe clandestin du C.G.E (Comité général d'études de la Résistance), et intitulé "Pourquoi je suis républicain ?". Marc Bloch y élabore sur la tradition historique dans laquelle le pétainisme se place. Comme Alain Badiou, il considère 1815 comme une année importante, mais fait remonter la source du pétainisme aux contradictions issues de la naissance de l'état-nation français (sous Louis XI). Il faut aussi citer le fantastique travail de Mme Annie Lacroix-Riz, Le Choix de la défaite, qui décortique le parti de la trahison des années trente et quarante, et grace auquel on peut s'apercevoir que, si les acteurs ont changé, c'est tout de même bien lui que nous avons porté au pouvoir derrière Sarkozy.
Me demander pourquoi je suis républicain, n'est-ce pas déjà l'être soi-même ? N'est-ce pas admettre, en effet, que la forme du pouvoir peut être l'objet d'un choix mûrement délibéré de la part du citoyen, que la communauté ne s'impose donc pas à l'homme, qu'elle ne le constitue pas par l'éducation et la race jusque dans ses dispositions les plus intimes et de façon nécessaire, qu'il peut sans sacrilège examiner le groupe dont il fait partie parce qu'enfin la société est faite pour lui et doit le servir à atteindre sa fin.
Pour tous ceux qu'unit cette croyance, il est en effet des principes communs en matière politique. La cité étant au service des personnes, le pouvoir doit reposer sur leur confiance et s'efforcer de la maintenir par un contact permanent avec l'opinion. Sans doute cette opinion peut-elle, doit-elle être guidée, mais elle ne doit être ni violentée ni dupée, et c'est en faisant appel à sa raison que le chef doit déterminer en elle la conviction. Aussi doit-il avant tout distinguer les aspirations profondes et permanentes de son peuple, exprimer en clair ce que celui-ci dénie parfois bien confusément et le révéler pour ainsi dire à lui-même. Un tel débat ne peut être mené à bien que dans la sécurité. L'État au service des personnes ne doit ni les contraindre ni se servir d'elles comme d'instruments aveugles pour des fins qu'elles ignorent. Leurs droits doivent être garantis par un ordre juridique stable. La tribu qu'une passion collective soude à son chef est ici remplacée par la cité que gouvernent les lois. Les magistrats soumis eux-mêmes à ces lois et tenant d'elles leur autorité s'opposent au chef, lui-même loi vivante et dont l'humeur et les passions donnent à la communauté toutes ses impulsions.
Mais suit-il de là que la cité réglée par les lois soit nécessairement de forme républicaine et ne peut-on concevoir une monarchie légitime, où sur le roc solide de la monarchie héréditaire puisse être construit un ordre politique stable ? Bien des peuples étrangers, nos voisins anglais, notamment, n'ont-ils pas réussi une oeuvre de ce genre et n'y aurait-il pas avantage à les imiter ? Telles sont les questions que se posent, paraît-il, encore un certain nombre de Français. Il convient d'y répondre et de montrer pourquoi, dans la France de 1943, un ordre politique digne de ce nom ne peut se fonder en dehors d'une forme républicaine.
Qu'on s'en réjouisse ou qu'on s'en plaigne, qu'on le blâme ou qu'on le loue, le passé est acquis et il ne dépend pas de nous de le refaire. L'histoire de ce pays l'a marqué et de telle sorte qu'il est impossible de le refondre.
C'est un fait que la monarchie pour faire l'unité de la France a contraint à la soumission les innombrables pouvoirs locaux surgis à l'époque féodale. C'est un fait que contente de les avoir soumis, elle n'a pas cherché à les détruire. Deux conceptions opposées du pouvoir royal s'affrontaient dans les esprits : l'un faisait du roi le serviteur de l'intérêt général, placé au dessus de tous parce qu'au service de tous et chargé par suite de faire disparaître toute exception à la loi, tout privilège. L'autre voyait, au contraire, en lui le gardien de tous les droits acquis, la clé de voûte de l'édifice social et de ses innombrables organismes aux diverses fonctions, le pouvoir qui échappant à l'élection consolidait par sa seule présence le principe de hiérarchie dans l'État, bref le protecteur même du privilège.
Entre ces deux conceptions, la monarchie ne sut jamais choisir. Son inertie même la livra aux privilégiés qui surent la compromettre à force de l'entourer. Populaire aux temps lointains où le peuple voyait en elle une protection contre les féodaux, elle avait déjà vers la fin du XVIIIe siècle perdu une grande part de la confiance de la nation. Lorsque, au cours d'une crise décisive, la France prit conscience d'elle-même et voulut fonder sur la base de l'égalité devant la loi un ordre social nouveau, la monarchie tomba du côté où elle penchait ; elle prit parti pour les privilégiés contre son peuple et n'hésita pas dans cette intention à faire appel à l'étranger. Entre le pouvoir royal et la souveraineté de la nation, la question était désormais posée et le couperet qui trancha la tête de Louis XVI tranchait par là même ce tragique débat. C'est un fait que dès ce moment un retour de la monarchie ne se trouvait qu'en proclamant la culpabilité de la France, et que reconnaître la souveraineté nationale obligeait en revanche à reconnaître aussi la justice du châtiment qui avait frappé la trahison du roi.
C'est sans doute une lourde épreuve pour le peuple français que d'avoir été contraint à un tel choix. Encore un coup, il ne dépend plus de nous d'y échapper. Force nous est bien de reconnaître que la nation, dans son ensemble, a choisi et qu'elle s'est prononcée pour l'égalité devant la loi et pour la souveraineté nationale. Une minorité, par malheur, a refusé de s'incliner devant cette décision. Certains persistaient à revendiquer à tout prix les privilèges d'une classe supérieure. D'autres en plus grand nombre pensaient que l'ordre social fondé sur le privilège avait un caractère sacré et qu'on ne pouvait s'en affranchir sans impiété. Ainsi se formait en France un parti hostile à tout le cours de l'histoire de France, parti sans cesse vaincu et qui, aigri par ses défaites, prenait peu à peu l'habitude de penser et de sentir contre la nation, au point de ne plus attendre d'autres succès que les désastres de la France. Dès 1814 et 1815, il avait salué dans l'invasion étrangère l'occasion de rétablir la monarchie et l'ordre social qu'elle symbolisait pour lui, et il s'efforçait ensuite de soutenir cet ordre par une politique si directement contraire à l'opinion que trois jours suffisaient à renverser la monarchie restaurée, sans que nul dans tout le pays se levât pour la défendre.
Le désastre de 1870, rendant le pouvoir une fois de plus vacant, permit de poser plus nettement que jamais la question. Le prétendant au trône, le comte de Chambord, lia l'idée monarchique de façon inoubliable à la tradition contre-révolutionnaire : société hiérarchisée fondée sur la volonté divine en dehors de tout appel à la nation. C'est sur cette affirmation qu'il joua et perdit la couronne ; par un débat long et paisible, en dehors de toute violence, la nation se prononça pour la République et de telle façon qu'il n'est pas de décision plus claire et mieux délibérée. Le temps dès lors a pu passer, bien des illusions ont pu naître. On a pu croire que maîtresses de l'armée et des grandes administrations d'État, les classes dirigeantes françaises avaient prétendu confisquer à leur profit le patriotisme et qu'il ne leur restait plus rien du passé de trahison. Il a suffi de bien peu pour dissiper cette erreur. Le patriotisme des aristocrates s'est révélé une attitude destinée à obtenir du peuple la soumission à l'État, tant qu'elles en tiendraient la direction. Du jour où en 1932 elles craignirent de la perdre, du jour où en 1936 leurs craintes se confirmèrent, elles se retrouvèrent d'instinct prêtes à en appeler à l'étranger contre leur peuple. Leur manque de désir de la victoire créa dans tout le pays une atmosphère propice à la défaite et, venue enfin la débâcle, c'est avec une sorte de soulagement qu'elles se préparèrent à exercer le pouvoir sous la tutelle et au profit de l'ennemi.
Il n'est pas possible de supprimer d'un trait de plume ce passé. Qu'on le veuille ou non, la monarchie a pris aux yeux de toute la France une signification précise. Elle est comme tout régime, le régime de ses partisans, le régime de ces Français qui ne poursuivent la victoire que contre la France, qui veulent se distinguer de leurs compatriotes et exercer sur eux une véritable domination. Sachant que cette domination ne serait pas acceptée, ils ne la conçoivent établie que contre leur peuple pour le contraindre et le soumettre, et nullement à son profit. Ce n'est pas un homme, si ouvert et si sympathique soit-il, qui peut changer un tel état de choses.
La République, au contraire, apparaît aux Français comme le régime de tous, elle est la grande idée qui dans toutes les causes nationales a exalté les sentiments du peuple. C'est elle qui en 1793 a chassé l'invasion menaçante, elle qui en 1870 a galvanisé contre l'ennemi le sentiment français, c'est elle qui, de 1914 à 1918, a su maintenir pendant quatre ans, à travers les plus dures épreuves, l'unanimité française ; ses gloires sont celles de notre peuple et ses défaites sont nos douleurs. Dans la mesure où l'on avait pu arracher aux Français leur confiance dans la République, ils avaient perdu tout enthousiasme et toute ardeur, et se sentaient déjà menacés par la défaite et dans la mesure où ils se sont redressés contre le joug ennemi, c'est spontanément que le cri de « Vive la République ! » est revenu sur leurs lèvres. La République est le régime du peuple. Le peuple qui se sera libéré lui-même et par l'effort commun de tous ne pourra garder sa liberté que par la vigilance continue de tous. Les faits l'ont aujourd'hui prouvé : l'indépendance nationale à l'égard de l'étranger et la liberté intérieure sont indissolublement liées, elles sont l'effet d'un seul et même mouvement. Ceux qui veulent à tout prix donner au peuple un maître accepteront bientôt de prendre ce maître à l'étranger. Pas de liberté du peuple sans souveraineté du peuple, c'est-à-dire sans République.
Marc Bloch L'étrange défaite, éd. folio histoire
* Les Cahiers politiques, organe clandestin du C.G.E. (Comité général d'études de la Résistance), n° 2, juillet 1943, p. 9, « Réponse d'un historien ».
"Dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient". Nicolas Sarkozy, rencontre avec Benoît XVI.
Il fallait oser tout de même!
Petit rappel:
Le soir de son élection, Sarkozy invite toute sa clique au Fouquet's (resto tout simple) Il part ensuite en vacances sur le yacht de son ami milliardaire Bolloré (...) Idem cette semaine en Egypte avec sa "compagne" (je reste poli) de luxe Auto-augmentation spectaculaire du salaire de notre président (19 000 euros mensuel) Sarkozy possède une terrible collection de montres de luxe (pas des Swatch) etc.
" [...] Essentiellement, tout cela vient du fait que les responsables des échanges des biens de l'humanité ont échoué, de par leur propre entêtement et leur propre incompétence, ont admis leur échec, et ont abdiqué. Les pratiques des usuriers sans scrupules se trouvent dénoncées devant le tribunal de l'opinion publique, rejetées aussi bien par les coeurs que par les esprits des hommes. En réalité, ils ont essayé. Mais leurs efforts portaient l'empreinte d'une tradition périmée. Confrontés à l'effondrement du crédit, ils n'ont proposé que le prêt de plus d'argent. Dépouillés de l'appât du profit par lequel ils induisaient notre peuple à suivre leur fausse direction, ils en vinrent aux exhortations, plaidant la larme à l'oeil pour le retour de la confiance. Ils ne connaissent que les règles d'une génération d'égoïstes. Ils n'ont aucune vision, et sans vision le peuple meurt. [...] " (Extraits du discours d'investiture de Franklin Delano Roosevelt, 4 mars 1933)
Nous sommes en 2007, à la fin de l'année, le 19 décembre. Les acteurs du système financier international - mort et en état de décomposition avancée - tentent par tout les moyens de clôturer "proprement" les comptes annuels de leurs banques et autres institutions financières, tout en faisant attention à ce que la nouvelle de leurs faillites ne fasse pas la une des journaux. Quitte à envoyer en pâture aux "journalistes" notre nano-président en pleine crise de donjuanisme, fôlatrant chez Mickey avec une Messaline qui s'est tapée tout le bottin mondain international. Le déluge d'argent gratuit tant souhaité est arrivé : la catastrophe est manifestement si grande que les banquiers centraux ont abandonnés tout scrupule concernant l'inflation, et lachent les dollars, les euros et les livres-sterling en quantité astronomiques, anonymement, en échange de rien - ou d'obligations pourries et autres CDOs et ABPs, dont la valeur réelle est nulle -, pour une durée illimitée et à des taux défiant toute concurrence. C'est pas moi qui le dis, c'est Le Monde :
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, mardi 18 décembre, avoir alloué 348,6 milliards d'euros aux banques, un montant massif de liquidités visant toujours à rétablir la confiance sur le marché monétaire, secoué par la crise du crédit aux Etats-Unis. La BCE leur a accordé cet "argent frais" au taux avantageux de 4,21 %, inférieur aux niveaux des taux interbancaires pratiqués actuellement sur le circuit monétaire, selon un communiqué destiné aux marchés financiers. (C'est pratique : j'emprunte à 4.21%, je prête à 5% ou plus, et je gagne la différence sans avoir quitté mon fauteuil.) Le montant est nettement supérieur à leurs besoins, évalués par la BCE à 180,5 milliards. La veille, elle avait annoncé qu'elle mettrait à la disposition des banques un montant illimité. En abreuvant de nouveau le marché de liquidités, la BCE espère aider les établissements financiers, échaudés par la crise des crédits immobiliers à risque, à reprendre confiance. Elle veut ainsi contribuer à soulager les tensions sur le marché monétaire. [...] Selon le Wall Street Journal, il s'agit de la deuxième fois en neuf ans d'existence que la BCE procède à une telle opération à taux fixe et pour un montant illimité. La précédente a eu lieu le 9 août, lorsque les marchés financiers s'étaient trouvés une première fois frappés par une contraction des liquidités, en raison de la crise du marché des crédits hypothécaires américains. Cette nouvelle opération fait suite à l'initiative commune de plusieurs banques centrales, le 12 décembre, pour apporter aux marchés financiers des liquidités à des taux favorables. La BCE, la banque centrale américaine (Fed), la banque centrale suisse, la Banque d'Angleterre et la banque centrale canadienne s'étaient associées à cette opération. De son côté, la Fed a mis, lundi, aux enchères 20 milliards de liquidités pour apporter aux banques les fonds dont elles ont besoin, mais qu'elles peinent à emprunter à cause de la méfiance généralisée qui règne sur les marchés depuis le début de la crise provoquée par l'effondrement du marché des crédits hypothécaires américains cet été. Les résultats de cette adjudication, lancée lundi à 15 heures GMT (16 heures à Paris), ne devraient pas être connus avant mercredi matin, et elle va s'accompagner d'une autre opération dans les jours à venir, portant le total des liquidités mises sur le marché par la Fed à 40 milliards de dollars (quelque 27 milliards d'euros). La BCE avait déjà annoncé la semaine dernière que l'opération de refinancement qui doit débuter mardi serait d'une durée exceptionnelle de deux semaines. En décidant, lundi, que celle-ci aurait lieu à un taux plancher de 4,21 %, elle fait passer aux banques le message qu'elles pourront disposer de ressources quasi illimitées à un taux inférieur à celui du marché jusqu'à la fin de l'année, une période toujours délicate pour les institutions financières qui doivent clôturer leurs comptes.
Ailleurs, on feint la surprise, mais on sent que la main tremble d'effroi au dessus du clavier :
Une semaine après avoir participé à une action concertée exceptionnelle avec quatre autres instituts d'émission pour apaiser les tensions sur le marché monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé, lundi 17 décembre, de franchir un nouveau cap. La BCE a annoncé qu'elle ouvrait grand les vannes du crédit pour venir en aide aux banques touchées par la crise des crédits immobiliers américains à risque - les fameux subprimes. Dans un communiqué, elle a indiqué qu'elle satisfera toutes les demandes de refinancement des banques commerciales sans limite de montant (A taaable !). Ces prêts seront accordés au taux de 4,21 %, bien inférieur aux taux observés sur le marché, qui ont frôlé les 5 % au cours des derniers jours. (Comme c'est gentil...) Cette initiative reflète la détérioration de la situation financière des banques européennes. IKB en Allemagne, Northern Rock en Grande-Bretagne se retrouvent en situation de quasi-faillite (Cherchez le mot en trop !) tandis que le géant suisse UBS a dû faire appel au fonds d'Etat singapourien pour le secourir. Cette décision surprise de la BCE entre en totale contradiction avec son discours mettant en garde contre les risques inflationnistes et témoigne de la gravité de la crise bancaire. (Surprise-totale-témoigne-gravité-crise : en voilà au moins une qui est réveillée)
Anne Michel
Je voudrais tout de même avertir le lecteur qui serait tenté de se distancier de ces réalités : cette augmentation exponentielle de l'émission monétaire, vue d'en bas, signifie vaporisation de l'épargne, chute vertigineuse du pouvoir de maintenir un foyer (la partie essentielle du pouvoir d'achat), disparition des capacités de remboursement d'emprunt. L'hyperinflation est une technique d'usuriers qui consiste à faire payer par la population en masse les dettes de quelques pervers. Qui n'est pas concerné ? Mais même cette orgie de liquidités n'est pas suffisante pour sauver le système, disent ceux qui savent, comme par exemple cette voix de Francfort :
FRANCFORT (Reuters) - Poursuivant la mise en oeuvre de la stratégie d'intervention concertée annoncée la semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre ont généreusement pourvu en liquidités le marché monétaire. Pour la première fois depuis sa première injection - le 9 août - suivant le déclenchement de la crise du crédit, la BCE a retenu la totalité des soumissions bancaires au-dessus d'un certain taux à l'issue de son appel d'offres de refinancement hebdomadaire. (C'est-à-dire qu'elle a dit oui à tout, ou presque) Elle a servi 348,6 milliards d'euros à deux semaines au taux marginal de 4,21% contre 4,18% la semaine dernière. [...] "(La BCE) jette tout ce qu'elle peut sur ce problème de liquidité", commente un intervenant. La BCE a lancé parallèlement vendredi une opération d'apport de liquidité de 10 milliards de dollars à 28 jours. Les résultats en seront connus mercredi, jour où elle doit annoncer une nouvelle opération de ce type, d'un montant de 10 milliards de dollars également, mais à 35 jours. (Et avec ça, qu'est-ce que je vous sert ?) La Réserve fédérale a proposé un montant de 20 milliards de dollars également et la Banque nationale suisse (BNS) a offert jusqu'à quatre milliards de dollars à une décote par rapport au taux d'escompte de la banque centrale américaine. Les résultats de toutes ces adjudications sont prévus mercredi. Pour sa part, la Banque d'Angleterre a conclu son opération de refinancement de 10 milliards de livres à trois mois au taux minimal de 5,36%. L'argent a été absorbé (Trad : Ils se sont rués dessus) quoique la demande ait été mitigée (Sans blague ?). De précédentes adjudications avaient tourné court car la BoE avait fixé un taux minimum bien supérieur à son taux d'intervention et aucune banque ne voulait donner l'impression d'être à ce point dépourvue de cash qu'elle aurait soumissionné à n'importe quel taux. La plupart des experts estiment que l'action concertée de la Fed, de la BCE, de la BoE, de la BNS et de la Banque du Canada, entre autres, ne suffira pas à résoudre la crise du crédit à elle seule. (Et c'est vrai : le refinancement des dettes pourries est un puit sans fond. La manne financière des banques centrales est versée dans le tonneau des Danaïdes.)
Par Mike Peacock
Ou cette voix de Paris, du journal français apparement le plus prolixe sur la question :
Les banques prises dans la tourmente de la crise des subprimes sont soulagées, au moins pour quelque temps. L'opération massive et inédite entreprise par la Banque centrale européenne (BCE), mardi 18 décembre, a apaisé ponctuellement les désordres du marché monétaire qui affectaient les établissements les plus fragiles. L'autorité a permis aux banques d'emprunter pour deux semaines un montant spectaculaire de 348,6 milliards d'euros au taux de 4,21 %. L'objectif était de leur permettre de se refinancer (Qu'est-ce que je vous disait) à moindre coût et d'éviter une paralysie totale du marché du crédit interbancaire. Depuis cet été, la crise des subprimes - du nom de ces crédits hypothécaires américains à risque nichés dans les comptes de certaines banques - a provoqué un mouvement de défiance généralisé. Les établissements financiers, ignorant dans quelle mesure leurs homologues détiennent ces produits explosifs, refusent de se prêter mutuellement ou n'acceptent de le faire qu'à un coût très élevé. Or, en fin d'année, les établissements sont traditionnellement à la recherche de liquidités pour "habiller" leur bilan, c'est-à-dire pour améliorer la présentation de leurs comptes (Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites !). Ce phénomène, cumulé aux effets de la crise, a exacerbé les tensions déjà très vives sur le marché monétaire faisant grimper dangereusement le loyer de l'argent.
SAUVETAGE L'action de la BCE n'est pas isolée. Elle s'ajoute à une opération orchestrée par la Banque d'Angleterre qui a offert le même jour 11,35 milliards de livres (15,8 milliards d'euros) au marché à des échéances diverses et à des taux avantageux. Ces deux opérations interviennent aussi quelques jours après l'annonce d'une action concertée de soutien aux marchés impliquant, outre la BCE et la Banque d'Angleterre, la Réserve fédérale américaine (Fed), la banque du Canada et la Banque nationale suisse (BNS). Mais par son ampleur, l'action européenne semble la plus efficace. En ouvrant ainsi massivement les vannes du crédit, elle a su rassurer le marché et fait baisser significativement le niveau des taux interbancaires. (Tu m'étonnes) Ces injections de liquidités pallient ainsi au manque de marge de manoeuvre de la BCE pour résoudre la crise. Du fait de tensions inflationnistes, la banque centrale rechigne à baisser son taux d'intérêt censé réduire mécaniquement et globalement le coût du crédit. (L'un des rôles majeurs de la BCE est de contrôler l'inflation, c'est pourquoi ce ne sont pas les prix qui montent - quoique -, mais les revenus qui chutent). Reste à savoir si les effets de ce sauvetage ne seront pas éphémères. "L'action de la banque centrale permet de gagner du temps mais cela ne règle pas le fonds du problème", estime Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel Leven. Les établissements bancaires n'ont pas soldé leurs comptes et dévoilent encore régulièrement de nouvelles pertes liées aux subprimes. "Tant qu'il restera des incertitudes, la confiance ne sera pas rétablie. Pour le moment personne n'a trouvé "La" solution pour régler ce problème", alerte M. Mourier. (Si : ceux qui appellent à un Nouveau Bretton Woods) L'action spectaculaire de la BCE illustre aussi la gravité de la crise. Celle-ci ne semble plus circonscrite aux subprimes et la sphère financière. Désormais la menace d'une récession aux Etats-Unis et le ralentissement de la croissance en Europe inquiètent aussi les marchés et incitent les banques à la prudence.
Claire Gatinois
J'espère que personne ne se demande plus quelle est la nature de l'indépendance des banques centrales...