Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Travaux


Etude sur la nature
des mouvements écologistes
et leurs véritables objectifs



L'héritage de
Franklin Delano Roosevelt


boris 

La révolution Roosevelt 

Georges Boris


Moulin.jpgL'héritage du
Conseil National
de la Résistance

Quelques textes de
Vladimir I. Vernadski

henry charles carey
Principes de la science sociale
de Henry Charles Carey

Friedrich List
Le Système national
d'économie politique
de Friedrich List

Friedrich Von Schiller

Le Droit des Gens
d'Emerich De Vattel

 

Recherche

Page d'accueil
- Cliquez ici -

Fusion,
enfin les archives !
1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

  PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

 

henry_charles_carey.jpg


TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XV :

DES CHANGEMENTS MÉCANIQUES ET CHIMIQUES DANS LES FORMES DE LA MATIÈRE.

 

    § 6. — Le mouvement sociétaire tend à s'accroître dans une proportion géométrique, lorsqu'on lui permet d'accomplir des progrès sans subir aucune perturbation. Il est souvent arrêté. Causes de perturbation. Efforts pour obtenir le monopole de l'empire sur les forces naturelles, nécessaires dans l'oeuvre de transformation.


    Le mouvement de la société et la puissance de l'homme tendent à s'accroître dans une proportion géométrique, toutes les fois qu'on laisse celui-ci marcher progressivement, et sans être contrarié dans sa marche, vers l'établissement de son empire sur la nature, qui doit s'acquérir au moyen de l'association avec ses semblables.  De quelque côté que nous jetions nos regards, nous voyons que son progrès dans cette voie a été, à certaines époques, entravé, et souvent arrêté tout à fait ; en même temps qu'à d'autres époques, l'homme a rétrogradé au point d'avoir été contraint d'abandonner les sols les plus fertiles, après avoir fait une dépense considérable de force physique et intellectuelle, nécessaire pour les dompter ; ainsi qu'autrefois, dans cette partie de l'Asie qui nous avoisine, en Égypte, en Grèce et en ltalie, et, de nos jours, en Irlande, à la Jamaïque, dans la Virginie et la Caroline, il s'en rencontre des exemples, dont nous pouvons maintenant rechercher les causes.

    L'histoire du monde, à toutes ses pages, nous présente l'homme fort foulant aux pieds le faible, et ce dernier s'efforçant, au moyen de l'association avec ses semblables, de mettre des bornes à la puissance de ceux qui l'oppriment.  Le premier, ainsi que nous le voyons, s'est partout approprié de vastes portions de terre, forçant le second de les cultiver à son profit, et exigeant que celui-ci employât non-seulement sa terre, mais encore ses moulins et ses machines de toute espèce, toutes les fois qu'il voulait faire subir à la matière des changements de lieu ou de forme.

    A certaines époques, le premier a composé avec ceux qui lui payaient l'impôt, moyennant certaines portions du produit de la terre, prélevant parfois les trois quarts, les deux tiers ou la moitié ; mais alors même il a généralement exigé que, lorsqu'ils auraient besoin de convertir leur blé en farine, ils lui fournissent une redevance en échange de ce privilége ; qu'une autre taxe lui fût allouée lorsqu'ils voudraient convertir la farine en pain, et une autre encore lorsqu'ils voudraient échanger avec leurs voisins, leur pain ou leur blé contre d'autres denrées nécessaires à leur usage.  S'ils voulaient transformer leur laine en drap, ils étaient obligés d'acheter ce privilége sous la forme d'excise, ou d'autres droits.  Si la population de la ville et de la campagne cherchait à entretenir le commerce, elle devait payer la permission de le faire sous la forme de droits d'octroi, comme en France ; ou, si, comme en Espagne, elle voulait accomplir un échange quelconque, ceux qui percevaient les droits du gouvernement, réclamaient un dixième sur toute transmission de propriété, sous le nom d'alcavala.  Le droit de travailler était considéré comme un privilége dont l'exercice exigeait une patente qui devait s'acheter à un prix onéreux.  Sous toutes les formes, le petit nombre d'individus qui étaient forts et pouvaient vivre en vertu de l'exercice de leur puissance d'appropriation, a cherché à empêcher le grand nombre, qui, pris individuellement, était faible, d'associer ses efforts à d'autres conditions que celles qu'ils dictaient eux-mêmes.  L'esclavage a existé sous des formes variées, plus ou moins oppressives, à diverses époques ; mais, en toute circonstance, il est résulté des efforts de ceux qui étaient vigoureux de corps et d'esprit, pour dépouiller ceux qui étaient faibles du pouvoir de décider au profit de qui ils travailleraient, ou quelle serait leur rémunération, et d'empêcher ainsi le développement du commerce.

    A mesure que la population a augmenté, les hommes sont devenus de plus en plus capables de s'associer, pour acquérir l'empire sur leurs propres actions et sur les forces naturelles qui pouvaient si efficacement aider leurs efforts ; élevant des villes, c'est-à-dire des centres locaux où l'artisan et le commerçant pouvaient s'associer pour leur défense personnelle.  Plus il leur fut permis de s'associer, plus l'individualité se développa ; et c'est aussi pourquoi nous voyons que la liberté s'est développée si rapidement dans les bourgs et dans les villes de la Grèce et de l'Italie, dans celles de France et d'Allemagne, dans les Pays-Bas et en Angleterre.

    La puissance est ainsi résultée de l'association et de la combinaison des efforts ; mais trop souvent, en général, l'acquisition de cette puissance a été accompagnée du désir égoïste d'assurer aux individus associés les monopoles de son exercice, pour les en faire jouir aux dépens de leurs semblables.  Les Phéniciens gardaient soigneusement le secret de leurs teintures ; et les Vénitiens étaient si jaloux de leurs secrets, qu'ils réduisaient leurs artisans à une condition voisine de l'esclavage, en leur interdisant l'émigration.  Les Flamands, à leur tour, ayant réussi à établir parmi eux la diversité des travaux nécessaires au développement de la force intellectuelle, à l'économie du labeur humain et à l'utilisation des produits de la terre, exercèrent, pendant une longue période de temps, la puissance d'association à un degré alors unique dans une partie quelconque du nord ou du centre de l'Europe.  L'esprit de monopole apparut cependant, même dans les Flandres, amenant avec lui des règlements qui tendaient à concéder au trafiquant des avantages, d'une part sur l'ouvrier, et de l'autre sur le producteur de matières premières ; et donnant lieu ainsi à l'émigration du premier et à une guerre de tarifs de la part du second ; et en temps et lieu, la puissance flamande suivit dans sa marche celle de Carthage et de Tyr.  Les Hollandais, profitant des embarras des Flamands, leurs rivaux, devinrent les manufacturiers les plus considérables de l'Europe.  Mais eux aussi, à leur tour, en même temps qu'ils agrandissaient leur domination dans toutes les directions, concédèrent aux diverses corporations des autorisations de monopole, ayant pour but d'empêcher toute relation commerciale entre les régions importantes du globe, excepté par l'intermédiaire de leurs navires, de leurs ports, de leurs marins et de leurs négociants.  La nature vexatoire d'un pareil système força la France et l'Angleterre à prendre des mesures de résistance qui se firent jour dans l'acte de navigation de Cromwell, dans le droit de tonnage et le tarif promulgués par Colbert.  A partir de cette époque, la puissance de la Hollande commença à s'éclipser, ainsi qu'avait déjà fait celle de Venise et de Gènes.  Dans toutes ces circonstances, l'objet qu'on s'était proposé avait été d'empêcher la circulation au dehors, dans le but de produire une augmentation de mouvement à l'intérieur et de protéger la centralisation, en forçant le commerce d'acquitter des taxes extraordinaires sous la forme de transport, au bénéfice de ceux qui le taxaient ; et dans toutes ces circonstances, les résultats, ainsi que nous le voyons, se trouvèrent être les mêmes, — l'affaiblissement et la décadence, — lors même qu'ils n'aboutirent pas à la ruine absolue.

 

 

 

 

Table des matières - Suite

Partager cet article
Repost0

commentaires