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1 novembre 2004 1 01 /11 /novembre /2004 10:58

PRINCIPES DE LA SCIENCE SOCIALE
PAR M. H.-C. CAREY (De Philadelphie)

henry_charles_carey.jpg

TRADUITS EN FRANÇAIS PAR MM. SAINT-GERMAIN-LEDUC ET AUG. PLANCHE

  1861

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XI :

CONTINUATION DU MÊME SUJET.

  

    § 1. — Politique coloniale de la Grèce, de l'Espagne et de la France. Celle de l'Angleterre est la première où l'on rencontre la prohibition de l'association entre les Colons. L'objet de la prohibition est de donner lieu au besoin d'effectuer les changements de lieu de la matière. Ce système est barbare dans ses tendances ; aussi a-t-il engendré la théorie de l'excès de population.


    Les États à la politique desquels nous avons fait allusion jusqu'à présent se bornaient à imposer des entraves aux sociétés placées dans la sphère de leur domination en ce qui concernait les relations établies entre elles, ainsi qu'avec les autres sociétés non soumises à cette domination, sans chercher, en aucune façon, à leur imposer des entraves quant à leurs arrangements intérieurs. Les premières colonies grecques étaient aussi libres d'entretenir le commerce à l'intérieur, ou au dehors, que l'étaient les États dont les citoyens les avaient fondées ; aussi vit-on dans les cités de la Sicile et de la Grande Grèce, le même développement de l'individualité qui partout ailleurs distinguait la civilisation grecque. Les peuples de l'Espagne, de la Corse ou de la Sardaigne, pouvaient, à leur gré, faire subir à la forme de leurs divers produits les modifications qu'ils jugeaient convenables, pour les approprier à une consommation immédiate ; mais s'ils désiraient expédier ces produits en Égypte ou en Grèce, ils étaient alors obligés de les faire passer par le port de Carthage. L'Espagne et le Portugal refusaient aux Indes le droit de commercer avec la Hollande ou l'Angleterre, si ce n'est en passant par les ports de Séville ou de Lisbonne ; mais ils n'intervinrent jamais dans l'industrie intérieure du Mexique ou du Brésil, de la population de Goa ou de Manille. La France chercha à établir des colonies dans les Indes Orientales ou Occidentales ; mais le système de Colbert était basé sur l'idée du développement de l'agriculture au moyen des manufactures et du commerce. Il en a été tout autrement dans le vaste système colonial des temps modernes pour lequel nous réclamerons maintenant l'attention du lecteur, — système qui diffère autant, de celui de la Grèce, que celui de l'ancienne Attique, — en donnant aux colons la jouissance de tous les droits exercés par la population de la mère-patrie, — différait du système qui lui succéda et anéantit toutes les institutions locales, en constituant la populace d'Athènes juge en dernier ressort, dans tous les cas qui intéressaient la vie et la fortune d'individus tombés, dès lors, de la position de citoyens à celle de sujets.

    C'est dans le système colonial de l'Angleterre que nous rencontrons pour la première fois, les mesures prohibitives frappant cette association de l'homme avec ses semblables qui conduit au développement des facultés individuelles, et les règlements ayant pour objet le maintien, et à leur degré le plus élevé, des difficultés qui résultent de la nécessité d'effectuer les changements de lieu de la matière. Il s'est écoulé près de deux siècles depuis l'époque où les marchands de Londres suppliaient le gouvernement d'employer tous ses efforts « pour décourager les manufactures d'étoffes de laines de l'Irlande, » pour diminuer ainsi l'habitude de l'association qui faisait alors des progrès rapides en ce pays et d'empêcher, à l'avenir, la consommation de la laine irlandaise, si elle ne passait d'abord par les métiers de l'Angleterre. Au lieu de la convertir chez eux en drap, il fallait qu'ils l'expédiassent au dehors dans son état le plus grossier, et qu'ils la reçussent de nouveau à l'état de produit achevé, établissant ainsi la suprématie du trafic, aux dépens du commerce. Bien qu'ils eussent déjà subi l'interdiction de toute relation directe avec les étrangers, la même interdiction s'étendait maintenant au commerce intérieur ; et c'est ainsi que le système dépassait tout ce qui avait existé antérieurement, en augmentant la nécessité du transport des produits, ainsi que la difficulté de l'association.

    Le trafic devenant prédominant, on soutint des guerres dans le but d'avoir des colonies, ou, suivant Adam Smith, « de créer des colonies de chalands » ; pour satisfaire ce désir, il fallait que toutes les tentatives d'association locale, parmi les colons, fussent découragées d'une façon aussi efficace qu'elles l'avaient déjà été en Irlande.

    On peut constater que les choses se sont passées ainsi, en considérant que la première tentative ayant pour but la fabrication d'une espèce quelconque d'étoffes, dans les provinces américaines, fut suivie d'une intervention de la part de la législature anglaise. En 1710, la chambre des Communes déclara a que la création de manufactures dans les colonies tendait à diminuer la dépendance de celles-ci à l'égard de l'Angleterre. » Bientôt après, des plaintes ayant été adressées au Parlement sur ce fait, que les colons élevaient des manufactures dans leur intérêt particulier, la chambre des Communes ordonna an Bureau du Commerce de lui faire un rapport à ce sujet, ce qui eut lieu longtemps après. Eu 1732, l'exportation des chapeaux, de province à province, fut prohibée, et le nombre des apprentis-chapeliers fut limité en vertu d'une loi. En 1750, la création d'une usine ou la construction d'une machine quelconque destinée à fendre ou à laminer le fer, fut interdite ; mais on permit d'importer en Angleterre, franche de droit, la fonte en saumon, pour y être soumise à la fabrication et réexpédiée. A une époque plus récente, lord Chatham déclarait qu'il ne permettrait pas que les colons fabriquassent pour leur compte, même un clou de fer à cheval. Tel était le système mis en pratique à l'égard de ces colonies. On peut voir ce qu'il était par rapport au monde, en général, en parcourant la nomenclature suivante des actes du parlement.

    Par l'acte 5 du règne de Georges III (1765), le transport des artisans hors de l'Angleterre fut interdit sous des peines sévères. Par l'acte de la 21e année du même règne (1781), l'exportation des ustensiles nécessaires pour la fabrication des étoffes de laine, ou de soie, fut également interdite. Par l'acte de la 22e année (1782), la prohibition s'étendit aux artistes employés à l'impression des calicots, des cotonnades, des mousselines, des toiles de lin, ou à la confection des formes et des instruments à employer dans leur fabrication. Par l'acte de la 25e année (1785), elle atteignit, en outre, les instruments dont on se servait dans les manufactures d'objets en fer et en acier, et les ouvriers qu'on y employait. Par l'acte de la 39e année (1799), elle en vint à y comprendre les houilleurs (1).

    Ces lois continuèrent à être en pleine vigueur jusqu'à ce que, il y a trente ans, un grand nombre de machines ayant été exportées en contrebande, la prohibition fut abolie en ce qui concernait le transport des artisans hors de l'Angleterre ; et l'on se relâcha tellement, à l'égard de toutes les prohibitions relatives à l'exportation des instruments, qu'on put obtenir la permission d'exporter les articles les plus ordinaires ; un pouvoir discrétionnaire fut accordé au Bureau du Commerce qui décide sur chaque demande « suivant les mérites du cas. » Mais aujourd'hui, dit-on, les marchands éprouvent peu de difficultés ; ils savent, généralement, à quelles machines s'appliquera une décision favorable, à quelles autres on la refusera, et cela aussi certainement que si la décision était rendue en vertu d'un acte du Parlement ; cependant on a jugé avantageux de laisser les choses à la discrétion du bureau, afin qu'il reste en possession « du pouvoir de régler la matière, suivant les intérêts variables du commerce (2)».

    Toute la législation de l'Angleterre à ce sujet fut ainsi dirigée vers un seul but important : empêcher la population de ses colonies, et celle des nations indépendantes de sa domination, de se procurer des machines qui pussent les mettre en état de combiner leurs efforts en vue de se procurer des tissus ou du fer, et de les forcer ainsi de lui apporter ses matières premières, afin qu'elle-même les transformât en denrées nécessaires à la consommation pour les réexpédier alors, en partie, aux producteurs, grevés de lourds impôts à raison du transport et de la transformation.

    L'immense étendue de l'empire britannique, l'influence extraordinaire exercée par le peuple anglais, auraient en toute circonstance, rendu son système — si différent de tous les autres, — digne d'une attention spéciale, de la part de l'économiste ; mais cette nécessité augmente en conséquence, considérablement, par suite de ce fait, que c'est au pays qui a établi ce système que le monde est redevable de la théorie de l'excès de population. Cette théorie est exacte, ou elle ne l'est pas. La matière tend à revêtir la forme humaine, dans une proportion plus rapide que celle dans laquelle elle tend à prendre la forme de pommes de terre et de navets, ou bien elle tend à prendre celle de pommes de terre et de navets plus rapidement que celle de l'homme. Tous les économistes anglais nous assurent que le premier cas est celui que l'on constate, et que nous devons, conséquemment, décourager le développement de la population ; et pour prouver que les choses se passent ainsi, on nous signale la misère et l'état d'indigence, et de l'Angleterre et de l'Irlande ; mais avant d'admettre l'existence d'une erreur de la part du Créateur suprême, il est à propos d'examiner les actions de ses créatures, pour constater jusqu'à quel point cet état de choses doit leur être attribué. Si les lois naturelles sont, en réalité, telles que le disent Malthus et Ricardo, alors plus sera complet l'examen de la mise en oeuvre du système sous l'influence duquel la misère et l'indigence ont pris naissance, plus se trouveront établies, d'une façon complète, l'exactitude des observations de ces économistes et leur réputation ; mais s'ils se trompent, — si de pareilles lois naturelles n'existent pas, alors un examen scrupuleux peut nous faire découvrir la cause de l'erreur dans laquelle ils tombent. Pour arriver à ce but, quelques développements seront nécessaires, et par la raison que le temps constitue un élément d'une si haute importance dans le problème à résoudre. « L'enfant, dit-on, est le père de l'homme, » et pareillement les sociétés du passé sont mères de celles d'aujourd'hui. Le paupérisme de l'Angleterre, — à l'étude duquel il faut attribuer l'idée de l'excès de population, — a été le développement du temps ; et si nous voulons comprendre les causes de l'existence du paupérisme, nous devons examiner le système adopté dans ce pays, pendant les cinquante années antérieures à Malthus et le siècle qui s'est écoulé depuis. Les causes de la condition actuelle de l'Irlande remontent à des centaines d'années ; et si nous cherchons à comprendre pourquoi la Jamaïque est abandonnée, nous devons étudier la suite des actes qui s'y sont accomplis au siècle dernier, et dans le siècle où nous vivons.

 

 

 

 

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