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1 janvier 2005 6 01 /01 /janvier /2005 01:20
    III. L'ATTITUDE DES INDUSTRIELS FACE AUX ÉCOLOGISTES




    Quelle attitude adopter ?


     Parvenus au terme de notre voyage dans la galaxie écologiste, nous sommes mieux en mesure de comprendre d'où vient le mouvement, quels sont ses véritables buts et comment le contrer. Nous abordons dans cette partie quelques recommandations pratiques à l'intention des acteurs du monde industriel et des collectivités locales, qui ont à y faire face, en nous appuyant sur des exemples concrets.


   
    1) Respecter la loi, même si elle est stupide

     II est bien entendu que nos recommandations se situent dans un contexte légal. La réglementation en matière d'environnement, même si elle est parfois sans fondement scientifique, même si elle fait parfois plus de mal que de bien, doit être respectée.

    Cette obligation en entraîne une autre : il faut avoir auparavant tout fait pour empêcher qu'une mauvaise réglementation s'établisse, par une veille permanente et par des campagnes de lobbying. A suivre tout particulièrement: les institutions parallèles, comme l'OCDE, qui ne prennent pas directement part à l'élaboration de la réglementation mais qui fabriquent des « listes noires » qui vont ensuite servir aux gouvernements nationaux ou à la Commission européenne. Lorsque l'on découvre que son produit ou son procédé est inscrit sur une telle liste, il est bien souvent trop tard.

    L'autre stratégie consiste évidemment à utiliser la recherche & développement pour trouver des procédés ayant la même efficacité avec un moindre impact sur l'environnement. Néanmoins, cette stratégie a ses limites : nous avons vu que l'écologie fonctionne souvent comme une religion. Lorsque Greenpeace déclare que la « division du sel et de l'atome sont les deux péchés mortels de l'humanité » parce qu'elle donne naissance au chlore et à la radioactivité, toute démonstration scientifique est devenue inutile. Greenpeace et le WWF seront opposés au PVC et à l'énergie nucléaire même si ceux-ci parvenaient un jour au « rejet zéro » ce qui n'existe de toute façon pas dans le monde réel.

    Nous nous préoccupons donc ici de situations dans lesquelles l'entreprise agit dans un cadre légal, ses opposants écologistes ayant recours soit à des moyens illégaux (attentats matériels, occupation, blocage de la production), soit à une guérilla juridique, soit à une campagne médiatique visant à déconsidérer l'entreprise. Comment alors se défendre ?


   
    2) Retourner l'arme de la guérilla juridique : quand des industriels se défendent contre Greenpeace.

    Greenpeace est l'exemple type d'un groupe écologiste qui se donne le droit de décider lui-même ce qui est bon et mauvais pour l'environnement et la santé publique et qui n'hésite pas, le cas échéant, à violer la loi au cours d'opérations lancées contre des industriels accusés d'être des pollueurs. C'est ainsi que dans Greenpeace Magazine de printemps 1994, André Ruwet écrit : « (...) il faut malheureusement constater que le « droit à l'environnement » est encore balbutiant. Cela signifie que l'association peut devoir agir dans une certaine illégalité. Lorsque les valeurs écologiques à défendre sont évidentes. L'entorse à la loi est alors légitime. Car elle est nécessaire pour faire cesser une agression contre l'environnement ». (Souligné par André Ruwet).

    L'exemple que nous donnons ci-dessous concerne un industriel qui ayant respecté la législation en vigueur a néanmoins été victime d'opérations de la part de Greenpeace, telles que des occupations illégales d'usines. Rompant avec son ancienne stratégie qui consistait à éviter de faire des vagues, dans ce genre de situation, l'industriel que nous citons ici a choisi de se défendre.

    Le 23 mars 1993, l'usine de Solvay d'Anvers a été la victime d'une action antichlore menée par des militants de Greenpeace, qui bloquaient d'un côté la voie ferrée et, de l'autre, le quai de l'usine ainsi qu'une grue servant au déchargement du sel.

    Le 26 mars 1993, le président du Tribunal de première instance d'Anvers, statuant en référé, a condamné Greenpeace à mettre un terme immédiat à son occupation illégale, sous peine d'une astreinte de 100 000 francs belges par personne, par jour et par infraction.

    Le 29 mars 1993, à 3 heures du matin, les militants de Greenpeace ont été évacués par la gendarmerie.

    Le 15 avril 1993, Solvay a fait bloquer le montant de l'astreinte sur un compte en banque de Greenpeace-Belgique. Cette dernière a fait appel du jugement initial et a en particulier nié être à l'origine de l'action prétendant que les militants impliqués étaient venus de Greenpeace-Hollande.

    La Cour a confirmé le premier juge dans son opinion selon laquelle Greenpeace est d'autant moins habilitée à se faire justice el le-même que la loi accordant aux associations de protection de l'environnement le droit d'ester en justice venait d'entrer en vigueur le 12 janvier 1993. La Cour a rejeté en tous points l'appel de Greenpeace-Belgique et l'a condamnée en outre aux dépens.

    Ce cas est exemplaire dans la mesure où, selon le propre aveu des dirigeants de Solvay, un an auparavant, ils n'auraient pas fait jouer la justice, pour ne pas donner de publicité supplémentaire à Greenpeace.

    Cette action de Solvay, a inspiré à la même époque d'autres chimistes tels qu'Elf-Atochem en France et Akzo en Hollande, cibles de Greenpeace pour des campagnes analogues. Le cas d'Akzo est particulièrement intéressant puisque, sur cette affaire, la multinationale verte a été condamnée proactivement ce qui signifie qu'à l'avenir, pour une action similaire d'occupation d'usine, Greenpeace sera condamnée immédiatement à payer une amende, sans nouveau jugement. Depuis que les chimistes ont décidé de répondre immédiatement à toute occupation d'usine par un procès, ces actions de Greenpeace se sont arrêtées. Greenpeace-Belgique, étranglé financièrement par les saisies-arrêts sur ses comptes, n'est plus qu'une ombre.

    Cependant, au-delà des jugements, la meilleure méthode reste bien la résistance active, consistant à s'adresser au potentiel de raison existant dans la population plutôt que de biaiser par des plans élaborés de « communication ». Le bus Solvay le démontre bien : alors que les bateaux de Greenpeace remontaient les fleuves de Belgique et de Hollande au cours d'une campagne tapageuse attaquant la production des PVC par Solvay, il les suivait par la route et s'arrêtait le plus près possible de leur point de mouillage en affichant des banderoles « Greenpeace vous trompe Solvay vous informe ». Des petits panneaux d'information étaient également placés dans la rue non loin du bus ; chacun d'entre eux dénonçant un point de la propagande de Greenpeace : « Le PVC serait dangereux à la production, C'EST FAUX ! », « Les produits emballés en PVC seraient cancérigènes, C'EST FAUX !», « Le PVC serait dangereux dans les décharges, C'EST FAUX ! », « Un incendie avec du PVC dégagerait d'importantes quantités de dioxine, C'EST FAUX ! », « Le PVC est difficilement recyclable, C'EST FAUX ! », etc. Ce message simple et direct, appuyé sur un argumentaire réduit à trois ou quatre faits pour chaque point a recu un excellent accueil dans la population ainsi que chez les journalistes locaux, à l'intention desquels on avait organisé une conférence de presse dans le bus intitulée « Greenpeace vous mène en bateau ». Cette contre-offensive basée sur des dialogues avec les populations directement touchées par la campagne de Greenpeace a eu également pour effet de redonner le moral au personnel dans la bataille. En effet, le pire pour une entreprise est de se voir attaquée sans réagir. Cela laisse l'impression dans le public comme chez les collaborateurs de l'entreprise, que « au fond, il y a peut-être du vrai dans ce qu'ils disent... »

    Le fait est qu'après ces quelques affaires coûteuses pour son prestige et ses finances, Greenpeace a limité ses attaques contre les industriels de la chimie pour recentrer ses actions sur d'autres sujets tels que les OGM ou le nucléaire. Cette simple constatation montre au passage que ce n'est pas l'impact d'une certaine activité industrielle sur l'environnement et la santé publique qui préoccupe Greenpeace et qui détermine ses campagnes, mais des considérations beaucoup plus terre à terre de rentabilité financière...

    Prenons maintenant un autre cas, celui de l'« affaire » du tuyau de La Hague, qui a été un sujet très « porteur » pour les mouvements antinucléaires en général et pour Greenpeace en particulier, surtout au cours des années 1996 et 1997. Rappelons qu'au bout de deux ans de harcèlement quasi-permanent, Greenpeace après avoir prétendu constater que la canalisation de la Cogema rejetait des particules plus grosses que la taille maximale autorisée, avait agit en référé pour obtenir qu'une expertise fût ordonnée. Elle souhaitait notamment que le dispositif de contrôle des rejets fût décrit de manière aussi précise que possible. L'enquête ayant prouvé que l'industriel respectait la législation en vigueur, le Tribunal de grande instance de Cherbourg a débouté Greenpeace de sa plainte et a rendu un jugement qui pourra faire jurisprudence en France. La décision du TGl reconnaît en effet juridiquement un point fondamental : Greenpeace ne peut prétendre représenter l'intérêt collectif, et ceci s'applique aux associations agréées pour la protection de l'environnement en général.

    Que nous dit le jugement ? Que l'agrément par le ministère ne permet pas à une association de faire n'importe quoi n'importe où : « Cet agrément administratif reconnu aux associations de protection de l'environnement leur permet d'exercer les droits reconnus à la partie civile devant les seules juridictions répressives à l'occasion des poursuites exercées contre les auteurs d'infractions aux dispositions réglementaires relatives à la protection de la nature et de l'environnement. » Ce fut le cas, par exemple, lorsque l'association Eaux et Rivières de Bretagne a fait condamner à une peine de prison un éleveur de porcs qui avait enfreint pour la quatrième fois la législation. Mais le jugement précise immédiatement que l'agrément « ne saurait les autoriser à exercer toute action à caractère « civil » devant toutes les juridictions de quelque nature qu'elles soient en dehors des modalités définies par l'article 31 du nouveau code de procédure civile ». Celui-ci, et l'on touche au point fondamental, « ne saurait être interprété comme autorisant une association, fut-elle investie par ses statuts du pouvoir « d'oeuvrer par tous les moyens non violents en faveur de la protection et de la conservation de la nature et de l'environnement, de la faune et de la flore » (extrait des statuts de Greenpeace, NdR), à agir au nom et pour le compte d'un intérêt collectif qui dépasse largement la somme des intérêts individuels et déterminés de ses membres, qui en l'espèce, se confond avec l'intérêt général et alors même que le pouvoir réglementaire, seul garant de l'intérêt général, (...)a investi le SCPRl (devenu l'OPRl) de la mission de surveiller, pour le compte de l'Etat, les rejets d'effluents en mer provenant de l'usine Cogema de La Hague ».

    Encouragée par ce succès, la Cogema a par la suite pris elle-même l'initiative de procès contre Greenpeace, obtenant notamment que celle-ci soit condamnée si ses militants franchissaient le périmètre de sécurité lors des opérations de chargement de combustible usagé ou de plutonium à Cherbourg.


   
    3) Au-delà des procès, mobiliser d'abord les collaborateurs de l'entreprise.

    « Soyez fiers de votre métier, de vos produits et ayez le courage de les défendre s'ils servent le bien commun. »
Dixie Lee Ray (Discours aux électriciens lors d'une visite en France, 1993.)

    Dixie Lee Ray (1915-1994), écologue spécialiste en biologie marine, ancienne présidente de la Commission à l'énergie atomique américaine, gouverneur de l'Etat de Washington, cette femme d'Etat a passé la fin de sa vie à lutter contre les dérives écologistes, avec un message très clair : « Si vous ne luttez pas contre les réglementations écologistes sans fondement, vous vous retrouverez rapidement dans un état fasciste ». Comme Haroun Tazieff, elle a été qualifiée de « traître » par des écologistes parce qu'elle n'a jamais cédé au catastrophisme et qu'elle a résisté aux modes. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages dont les deux derniers sont particulièrement à recommander, Trashing the Planet et Environmental Overkill: des dénonciations factuelles, puissantes et souvent drôles des errements écologistes.

    L'exemple malheureux des incidents survenus lors de la visite de Daniel Cohn-Bendit à l'usine de La Hague montre ce qui arrive lorsqu'une direction ne répond pas ou mal aux attaques dont son entreprise est l'objet. Pendant des années, les collaborateurs de la Cogema se sont fait traiter de pollueurs, de vendus aux fascistes nucléaires et même d'assassins. Dans les cars qui les menaient à leur entreprise, ils ont souvent subi les huées et les jets de tomates des manifestants écologistes. Face à l'offensive médiatique totale qui visait La Hague, la direction de la Cogema n'a réagi que par des communiqués sybillins, se contentant de réaffirmer qu'elle respectait la réglementation, engendrant ainsi une grande frustration chez ses collaborateurs. Cette frustration a explosé lorsque Cohn-Bendit et les Verts ont visité l'usine, dans une opération de manipulation-provocation dont ils ont le secret. Avec une fausse ingénuité, ils se sont étonnés que les ouvriers d'une usine dont ils demandaient la fermeture les reçoivent aussi mal... Mais ils ont marqué des points en apparaissant une fois de plus comme des victimes. Cette défaite sur le plan médiatique aurait pu être évitée par une politique de communication plus agressive.

    De façon générale, les travailleurs d'une entreprise sont aussi des citoyens soumis à toutes les influences qui circulent dans la société en général, y compris aux changements de paradigme que nous avons décrit dans cette étude. Ce sont donc les premiers à convaincre du bien fondé de l'activité que mène l'entreprise, les premiers à mobiliser. Il est très dommageable de laisser cette tâche au seul salaire, car on peut aboutir à des situations schizophréniques, dans lesquelles le salarié continue à travailler « parce qu'il faut bien manger », mais dénonce par ailleurs l'activité de son entreprise. Le CEA en est un exemple où la majorité syndicale revient à la CFDT, un syndicat explicitement antinucléaire ! L'opération 200 000 ambassadeurs, lancée en 1992 par la plasturgie française auprès de ses collaborateurs est en ce sens exemplaire. Le plastique a longtemps été un bouc émissaire des écologistes. Matériau de synthèse, il n'avait pas bonne presse et on lui préférait les matériaux « nobles » ou « naturels » comme le cuir, le bois, le papier ou les métaux. Et toutes sortes de mythes couraient autour du plastique (« ça donne le cancer ») y compris dans des lycées professionnels où étaient formés les futurs plasturgistes. La fédération francaise de la plasturgie a décidé de passer à l'offensive, d'abord en organisant une grande journée Plasturgie & Environnement où les 700 industriels présents réfléchirent à la thématique. Il s'agissait de décliner tous les secteurs de la vie moderne associés au plastique, avec le souci constant de rétablir la vérité, de témoigner de la volonté de la profession de reconnaître le problème posé par les déchets et de trouver des solutions pratiques pour le recyclage.

    Ensuite, sur la base des conclusions de cette journée, la fédération de la plasturgie a decidé de faire appel à ses « 200 000 ambassadeurs » (les 200 000 personnes qui travaillent dans ce secteur) pour que, en tant que plasturgistes, « ils expliquent autour d'eux, à chaque occasion, la réalité des choses », notamment les raisons qui ont amené au choix du plastique, « qu'ils rappellent les utilisations indispensables du plastique », comme les poches à sang en PVC, qu'ils « adoptent un comportement exemplaire » et, en tant que citoyens, qu'ils « participent au niveau de leurs collectivités locales à la mise en place des solutions » concernant les déchets d'emballages plastiques.

    L'opération a eu d'excellents résultats, notamment en accompagnant la conquête de la vie quotidienne par le plastique, de moins en moins considéré comme un ersatz à faible coût (comme c'était le cas dans les années 60), et de plus en plus comme un matériau à la fois moderne et ludique ouvrant de nouvelles possibilités. Les opérations de démonstration sur le recyclage ont été également réussies et les problèmes spécifiques que pose l'élimination des plastiques ont été résolus.

    Notons enfin que la mobilisation des collaborateurs peut s'appuyer sur une action juridique, à condition que celle-ci ne soit pas menée de façon secrète et honteuse, mais qu'elle soit rendue publique et expliquée, dans l'entreprise comme à l'extérieur. Il s'agit là encore de donner un sens que l'on est fier de ce que l'on fait et que l'on est prêt à le défendre contre des attaques injustifiées.


   
    4) Répondre au niveau requis.

    L'une des grandes fautes d'EDF dans les années 70 a sans doute été de refuser le dialogue avec ses opposants, en considérant que toute question était illégitime dès lors que le plan nucléaire avait été décidé en haut lieu.

    Les écologistes posent explicitement où implicitement un véritable défi à la société en remettant en cause un certain nombre de ses valeurs fondamentales. Leur répondre uniquement sur des détails techniques, c'est manquer la cible. Il faut bien sûr être en mesure de répondre de façon détaillée a des critiques techniques ponctuelles, sur les nanogrammes de dioxine émis par telle cheminée ou sur les quelques becquerels que l'on retrouve dans l'environnement d'une centrale. Mais c'est largement insuffisant. Si l'on prend l'exemple d'une usine d'incinération, les écologistes choisissent de remettre en cause les rejets contenus dans les fumées d'incinération des ordures ménagères, les accusant d'avoir un impact sanitaire négatif. Mais très vite, on voit généralement apparaître des critiques sur le « gigantisme » de l'installation, auquel on préférerait des « petites unités ». Et toujours, de façon sous-jacente, c'est la « société de consommation » qui se trouve condamnée, avec la multiplication de ses déchets.

    Il faut bien entendu montrer que les dioxines ne sont pas le poison que l'on a dit, rappel ler que les expositions à très forte dose qui ont eu lieu à Seveso ont tué de nombreux rongeurs mais aucun être humain, montrer en quoi les normes sont extraordinairement sévères et garantissent une sécurité totale pour les habitants des environs. Mais il faut aussi et surtout faire appel à la raison de ces habitants, en leur montrant qu'effectivement, cette usine est directement liée leur mode de vie urbain développé et que c'est pourquoi elle est non seulement nécessaire mais souhaitable ! Les populations ultra-pauvres qui vivent de recyclage, dans les cimetières du Caire ou sur les décharges de Dakar, peuvent facilement se passer d'usine d'incinération. Leur sort est-il pour autant enviable? Autre exemple, pour les installations de production d'énergie. Il existe une corrélation très forte entre le niveau de vie et le niveau de consommation électrique d'un pays. La même corrélation se retrouve pour l'espérance de vie. Corrélation n'est bien sûr pas causalité, mais n'empêche : il n'existe pas d'exemple de pays à faible niveau de consommation électrique ayant atteint un haut niveau de vie ou une espérance de vie moyenne élevée. Or, bien souvent, dans les manifestations contre les centrales nucléaires ou les barrages hydro-électriques, c'est l'utilité même de l'électricité qui est remise en cause. On parle de surproduction ou de la possibilité d'une civilisation « sobre », ou encore des communautés autonomes.


   
    5) Montrer le véritable visage des écologistes

    Ces enjeux de société ne sont pas toujours aussi clairement exprimés. Il faut donc tenter de les mettre à jour, des les faire sortir du bois. Pour cela, il est impératif de bien connaître le terrain sur lequel se placent les écologistes, d'avoir une documentation conséquente sur leurs propositions et sur leurs failles. C'est dans la mesure où l'on connaît un peu ce terrain que l'on peut déplacer le débat en les interrogeant sur leurs valeurs.

    Cette tactique permet alors de faire le tri entre écologistes intellectuellement honnêtes et ceux qui sont profondément malhonnêtes. On peut citer comme exemple des premiers Jacky Bonnemains, qui a quitté Greenpeace, jugé « trop pourri », pour fonder le mouvement Robin des Bois. Il n'hésite pas à défendre en public la nécessité d'une décharge de classe 1 (pour les déchets dangereux) en expliquant à une audience pourtant hostile que cette décharge est la conséquence légitime de leur mode de vie (voitures, téléphones portables, etc.). Bonnemains est bien un écologiste, au sens où il propose un autre mode de vie, mais il est cohérent et sait reconnaître que, dans la mesure où la société ne suit pas complètement ses choix, il faut adopter des solutions techniques qui ne sont pas forcément celles qu'il aurait choisi, mais dont il reconnaît la nécessité. Il entretient ainsi un dialogue critique avec le monde industriel qui profite finalement aux deux parties. A l'inverse, Greenpeace ou la CRII-RAD sont des exemples de mouvements malhonnêtes (quoi que l'on puisse trouver en leur sein des personnes honnêtes) qui s'appuient sur la manipulation de demi-vérités et de mensonges pour parvenir à leur fin. Ceux-là n'ont aucun intérêt à voir les choses s'améliorer, dans la mesure où cela sape leur base de puissance.

    Lorsque l'on doit faire face à un mouvement écologiste, la tentative de dialogue permet assez vite de se rendre compte à qui l'on a affaire. Dans le cas d'opposants honnêtes, le dialogue est toujours possible. Dans le cas contraire, il est parfaitement inutile. Quant à tenter d'acheter les écologistes, cela se termine généralement par un échec retentissant. En Allemagne, certaines entreprises ont fait l'objet d'un véritable racket de la part d'organisations écologistes. Celles-ci publiaient des baromètres de l'environnement dans lesquels la position d'une entreprise donnée était directement liée à la hauteur de sa contribution au « centre de recherches sur l'environnement ». En France, de nombreuses entreprises et collectivités locales se sont mordu les doigts d'avoir collaboré avec la CRII-RAD, celle-ci se retournant contre elles après avoir perçu ses honoraires.

    Une fois établi que l'on a affaire à un adversaire malhonnête, il faut alors mener une véritable guerre (c'est le terme qu'emploient d'ailleurs ceux qui se considèrent comme des écoguerriers). Les principes classiques de la stratégie s'appliquent ici. Nous en soulignerons particulïèrement trois

    • Semer la discorde chez l'ennemi. Il s'agit de profiter d'oppositions idéologiques au sein du mouvement écologiste pour l'affaiblir.

    • Attaquer sur les flancs. La question du développement du tiers monde est particulièrement intéressante à soulever auprès des écologistes. Nous avons vu que leurs maîtres idéologiques ont tout fait pour empêcher ce développement, le considérant comme une menace. Il n'empêche que la plupart des militants écologistes de base restent attachés à l'idée du développement et de justice Nord-Sud. En leur montrant que certaines de leurs actions vont directement l'encontre de la santé ou du développement (par exemple lorsqu'ils luttent contre la chloration de l'eau de boisson ou pour interdire le DDT), on les confronte à leurs responsabilités. Ceux qui choisissent de l'ignorer peuvent alors être dénoncés.

    • Profiter des points faibles de l'ennemi. En le prenant au mot sur ses propres thèmes. Ainsi, lors d'une manifestation contre la construction d'un laboratoire d'études sur le stockage souterrain des déchets radioactifs, les écologistes antinucléaires se sont-ils ridiculisés en organisant des semailles symboliques contre « l'empoisonnement de la Terre ». Ils se sont ridiculisés aux yeux des vrais connaisseurs de la nature, parce que ces semailles ont eu lieu en juin ! Lorsque l'ennemi commet une telle erreur, il ne faut pas hésiter à s'en moquer, en mettant les rieurs de son côté.

    Mais quelle que soit l'utilité de ces conseils pratiques, il est clair qu'une entreprise industrielle ne peut pas résister seule contre un changement de paradigme affectant l'ensemble de la société. Lorsque les politiques démissionnent de leurs responsabilités éducatives sur ce point, il faut que les entreprises, par leurs fédérations, les pallient. C'est ce qu'a commencé à faire l'Union des industries métallurgiques et minières, avec son opération Jeunes-lndustrie, qui visait à revaloriser l'image des métiers de l'industrie dans les lycées. C'est aussi ce qu'a fait l'Union des industries chimiques, avec son opération Chimie-la Classe. Cette fois, il s'agissait de contrer, avec du matériel pédagogique, la propagande de Greenpeace et du WWF, très présente dans les écoles. En montrant par exemple que tout est de la chimie, que le corps humain ou l'alimentation sont régis par des processus chimiques, en montrant que la chimie joue un rôle essentiel dans les bienfaits de la vie moderne, on réhabilite auprès des enfants comme des professeurs l'image de la chimie. De façon plus générale, les Journées de l'industrie, organisées pour la première fois en juin 1999 par le Cercle de l'industrie avec de nombreuses fédérations industrielles, visent au même but. Elles ont permis à de très nombreuses personnes de rentrer pour la première fois de leur vie dans une usine et de constater la transformation profonde qu'a connu le monde industriel. De même, le tourisme industriel qu'a lancé EDF autour de ses centrales nucléaires et de ses barrages a joué un rôle certain dans l'acceptation des centrales déjà existantes.

    Toutes ces initiatives sont nécessaires dans le contexte d'une remise en cause permanente de l'industrie, mais plus généralement de l'action humaine sur la nature. Les enfants actuellement soumis à un bombardement idéologique, avec des dessins animés transmettant des valeurs écologistes : les héros de ces dessins sont généralement des animaux, col laborant avec des enfants à qui ils apprennent l'harmonie avec la nature. Les « méchants » sont la plupart du temps des adultes industrieux...

    On aurait tort de penser que ce changement est inéluctable et que l'on ne peut rien y faire, puisqu'il s'agit d'un mouvement de société. De la même façon que le Club de Rome et ses prédecesseurs ont pu opérer un changement de paradigmes, soutenus par certains cercles financiers et chefs d'entreprise, il est parfaitement possible d'opérer un changement inverse. Après tout, la Renaissance du XVème siècle, celle qui est tant détestée par les patrons des écologistes, est l'exemple d'un tel changement.

Table des matières

<préc. - suiv.>
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