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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 19:00

Première partie ici.
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"Réformes " fiscales


    Les trusts ont encore tiré un autre bénéfice de la présence des nazis en France. Ils ont été en mesure de manipuler la législation fiscale dans un sens positif pour eux, avec effets écrasants pour leurs concurrents.

    Sur le modèle des procédés appliqués en Allemagne, toute une série de mesures ont d'abord été prises à leur profit direct :

1° Avantages fiscaux très importants pour favoriser les « fusions » de sociétés, c'est-à-dire la concentration.

2° Exonération d'impôts sur le revenu des dividendes distribués par une société française, exonération qui est accordée aux « sociétés-mères » possédant 39 % du capital de leurs filiales contre 50 % auparavant.

3° Exonération de l'impôt sur le revenu cédulaire en faveur des plus-values résultant de l'attribution gratuite d'actions, de parts bénéficiaires, de parts sociales ou d'obligations à la suite de fusion de sociétés en capitaux.

4° Suppression de l'impôt sur le revenu global qui frappait, dans le cas de distribution de réserves (sous forme de fusion de sociétés ou sous celle d'augmentation de capital) l'attribution d'actions gratuites ou les plus-values résultant de cette attribution.

    L'Etat nouveau n'aurait su mieux démontrer quil était, sans partage, l'Etat des trusts. Mais ce n'est pas tout : aux dégrèvements massifs en faveur de l'oligarchie ont correspondu des aggravations de charges pour les petits commerçants et les artisans. La cédule de l'impôt sur les bénéfices commerciaux a été augmentée ; la déduction pour « salaire de la femme mariée » est abolie ; on a vu, à Paris, augmenter la taxe sur la valeur locative des locaux professionnels de 100 % pour les petites boutiques et les petits ateliers, quand elle n'était majoré que de 14,28 % pour les usines et les grands magasins.

    L'aggravation des charges fiscales a été étendue par l'Etat fasciste à l'agriculture. L'impôt sur les bénéfices agricoles a été appliqué à un million de paysans.

    A l'heure présente, l'occupant et les trusts exercent conjointement une action très puissante sur le gouvernement à leur dévotion, en faveur d'une grande « réforme fiscale » accablante pour l'agriculture familiale, le petit commerce, l'artisanat et les professions libérales.

 

La situation actuelle de l'agriculture

    En même temps, les trusts imposaient à la paysannerie une politique des prix qui la ruine, qui dévore la substance des exploitations, malgré l'augmentation des signes monétaires qu'on peut constituer à la campagne dans certains cas : la terre dépourvue d'engrais et appauvrie, le cheptel mort tombé au dernier degré du délabrement, l'augmentation foudroyante des prix des chevaux et de tous les produits nécessaires en culture, voilà ce qui caractérise la politique agricole du régime des trusts omnipotents. En 1937, un quintal de blé, vendu 160 fr. payait 500 kg. de charbon ; en 1943, taxé à 410 fr. il ne paie plus que 350 kg. de charbon. En 1937, un hectolitre de vin, vendu 155 fr. permettait d'acheter une paire de souliers : en 1943, taxé à 450 fr., il ne paie plus qu'un seul soulier. En 1937, 100 litres de lait, vendus 100 fr., équivalaient à quatre ferrures de cheval ; en 1943, taxés à 275 fr., ils ne paient plus que deux ferrures. Dans ces chiffres s'inscrit, en dépit d'apparences trompeuses, la ruine du paysan français.

    Ceux qui ne se ruinent pas, ce sont les trusts du lait, des fruits, du vin, etc. Sur le marché du lait, les trusts si souvent dénoncés imposent plus que jamais leur volonté aux producteurs comme aux consommateurs. La ménagère parisienne qui paie à la saison 50 fr. le kilo de poires, sait-elle que sur ce prix, les quatre cinquièmes au moins constituent la marge des gros intermédiaires ? Les vignerons ont été soigneusement exclus du droit de vendre directement à la clientèle et astreints à passer sous les fourches caudines des riches négociants. Le plan de collecte des céréales est astucieusement calculé de manière à favoriser le négoce parasitaire au détriment des coopératives, dont l'Etat a d'ailleurs détruit la structure démocratique au milieu des protestations les plus vives des agriculteurs, et que les grossistes s'efforcent par tous les moyens d'anéantir.

 

Quand l'avoir des trusts augmente onze fois plus vite que le salaire ouvrier

    Il serait inutile d'insister longuement sur la compression des salaires que l'occupation hitlérienne a permis aux trusts de réaliser. Les millions d'ouvriers français savent aujourd'hui, par l'expérience de la faim, du froid, du complet dénuement ce que c'est que le « nouvel ordre européen » des trusts et le « socialisme » à la mode nazie : avec leur salaire, ils ne peuvent ni se nourrir ni se vêtir ni se chauffer.

    La méthode des trusts est bien simple : fixité des salaires, augmentation vertigineuse du coût de la vie. La statistique officielle estime elle-même que la dépense journalière, en denrées alimentaires seulement, d'une famille ouvrière de 4 personnes à Paris est passée de 57 fr. en 1941 à 78 fr. en octobre 1943. Les indices pondérés des prix de détail (base 100 en 1914 à Paris) sont passés de 764 en août 1939 à 1.705 en octobre 1943 pour l'ensemble des trente-quatre articles. Ces prix s'entendent du marché régulier des produits taxés, qui ne peuvent suffire à assurer la vie de personne.

    Une étude basée sur des chiffres officiels a été établie en décembre 1942 dans une Ville du centre de la France en vue de déterminer le budget nécessaire pour faire face aux besoins vitaux d'une famille ouvrière de 4 personnes, où la femme demeure au foyer. Il en résulte qu'un minimum mensuel de 3.576 fr. est indispensable. Or, les salaires de la ville en question sont de beaucoup inférieurs. On sait que dans la région parisienne elle-même, la moyenne des salaires horaires de la métallurgie, allait en mai 1943, de 10 fr. (pour les manoeuvres) à 13 fr. 70 (pour les chaudronniers). La statistique générale de la France a donné la hausse des salaires en avril 1943 par rapport à octobre 1938 pour la région parisienne considérant 20 professions : cette hausse est de DIX-SEPT POUR CENT.

    Les propres collaborateurs du journal « La Vie Industrielle », qu'on ne suspectera pas de peindre trop en noir la condition ouvrière, déclarent que la part du salaire est tombée de 52 % du revenu national en 1938 à 46 % en 1942. Il y a de bonnes raisons de croire que ces pourcentages sont trop élevés, mais la tendance est hors de doute.

    Pour la plus grande prospérité des trusts, la misère physiologique tue en masse les enfants français. Quant aux adultes, la « Presse Médicale » a publié les résultats d'une enquête portant sur 500 ouvriers et 250 ouvrières d'une grande usine métallurgique de la région parisienne : 76,4 % des hommes, soit plus de 3 hommes sur 4, maigrissent ; chez les ouvrières, la proportion est de 55 %. La moyenne des hommes a perdu en chiffres ronds 7 kg. sur 70, soit 10 % ; cette baisse moyenne est de 6 % pour les femmes.

    On sait le sort des vieillards, des autres couches les plus faibles de la société.

    Les médecins ont observé que dans les hospices de vieillards soumis au régime alimentaire de Vichy, les pensionnaires, tant qu'ils conservent un souffle d'énergie manifestent individuellement contre l'insuffisance de la nourriture, réclament, assiègent les cuisines... Puis, à un certain moment, on les voit un à un cesser toute protestation, tous ressorts brisés. Quinze jours après, ils sont morts !

    Jamais il n'y a eu autant de sang sur les carnets de chèques des hommes des trusts.

    Mais jamais non plus des chiffres aussi astronomiques ne s'y sont inscrits.

    Les hommes des trusts ne connaissent pas, eux, les augmentations de « salaire » de 17 % pendant que le coût de la vie, d'après les seuls prix à la taxe, augmente d'une fois et quart.

    Non, leurs revenus ne s'accroissent pas comme ceux des ouvriers de la région parisienne, de 17 % en cinq ans, de 3,4 % par an.

    Leur rythme d'augmentation, à eux, c'est 37,5 % par an. Consultons en effet les tableaux de la capitalisation boursière moyenne des actions et parts de fondateurs sur le marché officiel de Paris : en face de l'indice de base 100 au 19 mars 1941, nous trouvons le chiffre 198 au 17 décembre 1943, 98 % d'augmentation en 33 mois, 35,7 % par an.

    Ainsi la fortune des trusts, sous le régime nazi, grandit plus de dix fois plus vite que le salaire de la classe ouvrière.

    La « Revue Economique franco-suisse » de novembre 1943, aboutit sensiblement aux mêmes conclusions. Etudiant le niveau des salaires horaires industriels en été 1943, elle le chiffre à 140 contre 100 avant la guerre, et cela compte non tenu du relèvement à 16 % du taux de l'impôt sur les salaires. Mais, ajoute-t-elle, l'indice des actions industrielles est passé de 100 en 1938 à 560 en automne 1943. Ainsi, les rapports des deux augmentations sont de un à onze et demie !

    La production globale de l'industrie française est au maximum, à la moitié du bas niveau de 1938, d'où il résulte que l'enrichissement des trusts n'est pas fonction du développement de la production. Il n'est donc absolument pas vrai que le super-profit permis aux chefs de l'économie trustifiée joue comme stimulant du rendement, il a été dans le passé et il reste aujourd'hui simultané à une compression de la production.

    Les trusts vont encore répétant que le gonflement de leurs avoirs est nécessaire à titre de précaution, parce que demain, la paix revenue, il sera nécessaire de renouveler le matériel épuisé. Telle est la seule et unique excuse « morale » qu'ils aient découverte. Pour en apprécier la valeur, il suffit de demander si le capital humain, si les forces et la santé de la classe ouvrière ne s'épuisent pas à l'heure actuelle d'une façon infiniment plus grave que l'outillage. Pourtant, les hommes des trusts se sont mis d'accord avec les hitlériens pour maintenir les salaires quasi immobiles en sapant d'un cœur léger le minimum vital de millions et de millions d'êtres !

 

Part à deux !

    De même qu'ils étaient d'accord pour surexploiter la main-d’œuvre, les hommes des trusts et les boches ont été d'accord pour piller le pays, en vue de renforcer la capacité militaire de l'ennemi de la France. Dans le phénomène de la trahison, l'aspect national et l'aspect social sont si étroitement unis qu'ils se confondent.

    Souvent, la trahison des trusts a pris une forme tout à fait déclarée : les sociétés françaises ont apporté un concours direct et délibéré à l'envahisseur sur le terrain financier, industriel ou commercial, agissant ainsi, sans contestation possible, en intelligence avec l'ennemi, aux termes mêmes du code.

    On connaît tous ces accords qui tendent à l'étranglement de l'économie nationale : constitution dans l'industrie chimique du groupement Francolor ; commission « inter-européenne » de l'automobile ; accords de réassurance négociés par le secrétaire de Laval, Guérard ; conventions souscrites par le cinéma, le verre, la céramique, l'industrie du froid, etc. Les Pucheu et les Bichelonne, en patronnant ces prétendus accords, ont sacrifié allègrement aux trusts allemands le patrimoine de la France, l'ossature du pays. Mais les hommes des trusts français n'ont pas seulement obéi, ils ont consenti, applaudi, provoqué. Ils sont plus coupables même que les Pucheu et les Bichelonne, ces gibiers de potence, car il y a toujours plus de culpabilité dans le maître que dans le valet.

    La Société Francolor, société anonyme de matières colorantes et produits chimiques, a été créée en 1941 au capital de 800 millions avec l'apport de quatre usines du trust français Kuhlmann traitant la branche des matières colorantes : 51 % des actions sont aux mains du trust allemand I. G. Farben, qui est ainsi maître de l'affaire et contrôle donc toute l'industrie française des matières colorantes. En contrepartie de ses usines de Villers-Saint-Paul et d'Oissel et ses filiales de Saint-Denis et de Saint-Clair-du-Rhône, Kuhlmann a reçu un paquet d'actions de l'I. G. Farben. Francolor est administré par un Conseil comprenant quatre Allemands et quatre Français, dont René Duchemin, président des Etablissements Kuhlmann : Clemenceau a envoyé à Vincennes de moins grands coupables ; il faudra bien que ce criminel y soit traîné.

    Pas davantage il ne sera besoin d'une longue enquête pour les dirigeants de l'automobile : tout le monde connaît les décisions de Mai 1941 des trusts de cette industrie pour « une étroite collaboration » avec leurs congénères d'Allemagne et d'Italie. C'est en vertu de cet accord que fut constituée une commission pour la soi-disant coopération de l'industrie automobile européenne sous le patronage du « Délégué général (boche) à l'Automobile ». Les constructeurs français se sont spécialisés dans la production de pièces standardisées pour quatre types de camions, de une tonne et demie à quatre tonnes et demie, avec interdiction pour eux de fabriquer des voitures de tourisme, ces voitures de tourisme qu'ils fabriquaient de si bon cœur, au lieu de livrer du matériel de guerre à la France, dans l'hiver 1939-1940.

    Pour mieux souligner les accords, il a été créé une Société Générale Française de Construction Automobile, comprenant le groupe Peugeot, Hotchkiss, Saurer, Latil et les firmes Unic, Lafly, Delahaye, la Licorne. Ainsi nous assistons à une étape nouvelle de la concentration, et cette fois sous le contrôle et pour le compte de l'ennemi.

    L'ignominie des Usines Renault mérite une mention particulière. Les bombardements de l'aviation anglo-saxonne ayant causé à cette maison une perte de trois milliards, l'Etat de Vichy a refusé de l'indemniser en déclarant lui-même que les usines Renault n'avaient pas été réquisitionnées par l'occupant, qu'elles ne pouvaient donc pas invoquer la force majeure puisqu'elles s'étaient mises spontanément à la disposition des Allemands dès l'armistice. Tout le monde sait d'ailleurs que le directeur général de Peyrecave moucharde en personne à la Gestapo tous les ouvriers suspects. De Peyrecave et Louis Renault devront payer, sans compter un François Lehideux aux précautions tardives. Ils devront payer pour les soldats des nations unies tués à cause de leur empressement volontaire à équiper l'ennemi. Ils devront payer pour les centaines d'innocents tués dans les bombardements que leur trahison avait rendus nécessaires. Ils devront payer pour les ouvriers patriotes livrés au bourreau.

    La société Louvroil-Montbard-Aulnoye, firme métallurgique appartenant au trust Marcel Champin, lequel administre ou contrôle plus de quarante sociétés de hauts fourneaux, d'aciéries, d'industries diverses de la métallurgie, est le seul grand producteur de tubes en France. En 1941, elle a conclu, avec le Cartel allemand des Tubes, des accords pour la livraison à l'Allemagne « d'une partir considérable de sa production ». Le rapport à l'Assemblée Générale de 1941 déclarait cyniquement : « NOUS AVONS LE PLAISIR de reconnaître que des accords maintenant conclus tiennent largement compte de nos intérêts ». Qu'importe la Patrie, pourvu que l'anti-France respecte les intérêts.

    Citons encore, dans la métallurgie, « Krupp, Société anonyme pour la fabrication, la vente et la réparation de machines agricoles ». Il s'agit d'une filiale de la Société Fried-Krupp d'Essen, créée à Paris en 1943, au capital de 20 millions. Krupp apporte une usine située à Liancourt (Oise) : il faudra pourtant savoir comment cette usine a été acquise ! Premiers administrateurs : trois Français, dont Amidieu du Clos.

    En 1943 également a été créé une Société à responsabilité limitée Hoeschdris. Elle doit s'occuper de matières premières, produits industriels, industries du fer et de l'acier. Le gérant est allemand, mais les complices français sont connus, eux aussi ils auront à rendre des comptes.

    La Société pour la fabrication du métal dur « Sicamet » s'occupe depuis1942 de la production d'alliages et de tous métaux. Un apport a été fait par la Société Industrielle et Commerciale des Aciers. Les administrateurs sont trois Français, dont un, pour faciliter la liaison sans doute, est domicilié à Essen.

    Cette énumération pourrait être longuement continuée. Qu'il nous suffise de dire que les accords volontaires pour la fourniture à l'Allemagne de produits métallurgiques finis ou semi-finis ne se comptent plus. Le meneur du jeu, on s'en doute, n'est autre que l'officiellement dissous, mais toujours existant Comité des Forges. Les trusts sidérurgiques ont une responsabilité écrasante dans l'entretien de l'équipement de guerre de l'Allemagne. Ils se sont faits les serviteurs de Hitler : personne ne comprendrait qu'ils survivent à sa chute.

    Le rôle de l'électrochimie grandit tous les jours dans l'économie moderne. Toutes les firmes françaises de cette branche, Péchiney, Ugine, Boyel-Malétra, sont liées à l'Aéro-Banque, banque parisienne de l'aviation allemande créée en 1941, spécialement en vue de l'importation en Allemagne du magnésium et de l'aluminium français. L'Aéro-Banque est dirigée par trois administrateurs allemands. C'est donc au premier rang des « collaborateurs » qu'il faut placer les trusts électrochimiques et les aciéries électriques.

    En 1941 des accords ont été conclus entre autorités allemandes et françaises pour la construction de lignes de transport d'électricité à haute tension atteignant 400.000 volts afin d'assurer le transport de courant sur des, distances encore plus étendues et par là de se rapprocher du but : une exploitation européenne combinée. Tels étaient les termes employés par la « Gazette de Francfort ». L'exploitation européenne combinée, tout le monde comprit aussitôt que ce n'était qu'une hypocrite périphrase pour désigner l'approvisionnement de l'Allemagne en courant électrique. Le devoir des Sociétés françaises était donc clair : elles avaient, du point de vue national, l'obligation stricte d'arrêter l'application du programme décennal d'extension établi en 1938, de saboter la production, à la fois pour gêner la fabrication de guerre de l'occupant en France et pour appauvrir l'Allemagne en courant. Or, elles ont fait juste le contraire.

    Les entreprises principales, comme le groupement d'Electricité de la Compagnie du Rhône, les Forces Motrices de la Truyère, l'Hydro-Electrique de la Cère, ont poussé autant qu'elles ont pu la mise en exécution du programme. La Compagnie d'Electricité Industrielle a fait entrer en service, en 1941, les installations neuves du Lac de Portillon dans les Pyrénées ; la Force et Lumière des Pyrénées a entrepris l'aménagement de la chute d'Artige (rendement annuel de 28 millions de Kwh) et la Compagnie d'Electricité de la Loire et du Centre a établi sur l'Allier une centrale au débit de 17.000 Kwh.

    Les Forces Motrices de la Vienne se sont efforcées d'achever leurs nouvelles installations hydroélectriques du Massif Central dès 1943. L'Hydro-Electrique d'Auvergne a travaillé aussi d'arrache-pied à une nouvelle centrale. La Compagnie Générale d'Electricité ainsi que l'Union de l'Electricité, deux des plus grandes sociétés parisiennes, se sont intéressées, soit directement, soit par des filiales, au développement du réseau à haute tension. L'Energie Industrielle a aidé à l'expansion de nombreuses filiales, qui, comme la Société Lyonnaise des Forces Motrices du, Rhône, ont travaillé à des aménagements nouveaux du Rhône et de l'Isère avec une capacité totale de 440 millions de Kwh.

    Le Congrès franco-allemand de l'Energie est encore dans toutes les mémoires. La fourniture de courant à l'Allemagne par l'interconnexion s'est complétée par une besogne particulièrement scandaleuse : au cours des opérations de guerre, la grande centrale alsacienne de Kembs, sur le Rhin, avait été détruite. Ce sont les spécialistes français qui, en un temps record, l'ont remise en état ; et ce travail accompli uniquement par des Français, profite maintenant exclusivement à l'Allemagne.

    On peut dire que le capital de 120 milliards de francs des sociétés françaises d'électricité (estimation de 1940) a en grande partie travaillé volontairement pour l'ennemi. Et ce n'est pas sans de bons motifs que le « Pariser Zeitung » du 19 septembre 1942 qualifiait de réjouissante l'activité de l'industrie électrique française dans le domaine des installations neuves, en soulignant que ses dirigeants avaient toujours répondu avec le plus grand empressement aux impulsions du gouvernement des traîtres.

    Les autorités boches et leur succursale de Vichy ont payé cet « empressement » en accordant d'abord une augmentation de tarifs de 20 % aux sociétés, puis dans la deuxième moitié de 1942 un second relèvement de 12,5 %. On comprend que les valeurs d'électricité aient continué à être classées par les spéculateurs boursiers parmi les plus « solides » ! En groupant 25 sociétés représentatives de cette branche de production avec un capital-actions de 5 milliards 43, et un chiffre d'affaires de 32 milliards 19, on voit qu'elles ont été assez florissantes en 1942 pour inscrire aux réserves et amortissements la somme incroyable de 9 milliards 13, sans parler d'un compte de participations et valeurs de 6 milliards 28 : le compte réserve équivaut donc à 168 % du capital nominal, et la capacité financière à 116 % !

    Un des buts auxquels les sociétés d'électricité ont tendu en développant au maximum leurs installations de montagne, c'était de diminuer la part des centrales thermiques dans la fourniture de courant et de permettre l'exportation de la houille française chez l'ennemi, malgré l'insuffisance de la production charbonnière pour assurer les besoins français Cette exportation est indéniable, malgré les truquages de chiffres et la fausse argumentation sur la compensation des qualités. Elle est indéniable parce que, outre les témoignages directs, nous disposons, ici encore, des aveux de la presse ennemie : par exemple, pour la fourniture à l'Italie fasciste du charbon de Saint-Etienne. Cette trahison s'inscrit au dossier du Comité des Houillères et de l'Union des Mines, où siège un de Wendel.

    S'il en fallait des preuves supplémentaires, nous les trouverions dans l'activité d'organismes comme l'O. R. M. A. et le groupement de charbons allemands. L'Office de Réception, de Manutention et d'Armement (O.R.M.A.), a été créé en 1941 par deux agents français des charbonnages et un administrateur allemand de Duisbourg. Il a pour objet le contrôle, la réception du charbon et des sous-produits, de tous minerais et des matières provenant de l'extraction.

    Le Groupement de charbons allemands est une société à responsabilité limitée française, créée en 1943, qui groupe un certain nombre de firmes de charbonnages non seulement pour opérer les achats, l'importation, la répartition entre associés, mais pour procéder « à l'étude et à la conclusion de tous accords »

    Il n'y avait pas de raison pour que les magnats de l'industrie du Bois se ruent moins vite à la trahison que les barons de la mine. On a donc vu se créer, dès 1941, la Société des Dérivés du Bois, au capital de 11 millions 500.000 fr. Objet : carbonisation et distillation du bois. Dans l'équipe des administrateurs fraternisent les Houillères de Sarre-et-Moselle sous contrôle allemand et des firmes françaises.

    Signalons encore la Société Centrale d'Exploitation Forestière, créée en 1942 à Paris. Administrateurs, trois Français et un Allemand.

    Toute l'industrie française du caoutchouc a accepté le contrôle allemand. Ce contrôle a la forme suivante : les cinq principales firmes françaises sont jumelées avec une firme allemande. A ce « correspondant », elles ont consenti certains avantages, en échange elles reçoivent du caoutchouc synthétique et ont obtenu, avec le titre de « maison-pilote », le droit de subordonner un certain nombre de maisons françaises secondaires. Ainsi, Hitler est sûr que l'industrie française tout entière travaille pour la Wehrmacht, et la servilité des trusts français ne lui coûte rien, puisque le prix dont il la paie, c'est l'indépendance des anciennes maisons autonomes.

    Hutchinson, par exemple, ne contrôle pas moins d'une vingtaine de firmes françaises, placées ainsi par son intermédiaire sous la tutelle allemande. En échange de la moitié des participations italiennes et espagnoles de ce trust français, l'industrie allemande lui cède du caoutchouc synthétique, mais... pour les seuls besoins de l'Allemagne en produits finis, naturellement.

    L'empressement des trusts du Textile à se mettre aux ordres de l'ennemi ne pourra pas non plus faire l'objet de longues discussions devant l'instance chargée de les juger. Les Allemands n'ont-ils pas déclaré eux-mêmes que « la collaboration entre les industries textiles de France et d'Allemagne et les spécialistes est très étroite » (« Pariser Zeitung », 13 octobre 1943). Le consortium France-Rayonne n'est ni plus ni moins coupable que tous ses pareils quand il passe un accord antifrançais avec le trust allemand de la ThüringischeZellwolle, au nom de tous les producteurs de soie artificielle (qui, notons-le, ne peuvent agir ainsi qu'avec l'agrément des trusts de produits chimiques, Saint-Gobain, Gillet de Lyon, etc, etc., dont ils dépendent). Nous retrouvons France-Rayonne parmi les administrateurs allemands et français mêlés de la société Celtex, au capital de 30 millions, créée en 1942 pour la fabrication de tous produits à base de cellulose.

    Un autre dossier devra être ouvert au nom de la Société Française de Cellulose, société créée le 3 juillet 1942, au capital de 40 millions. Objet : production de cellulose pour la fabrication de textiles artificiels, de papier et d'explosif. Cette entreprise fonctionne avec le « concours » et les « conseils » des Etablissements Wagner-Dorries, de Herichsdorf (Allemagne). Il y a au Conseil d'administration un Allemand à côté de cinq administrateurs français, dont la société Henry Bergerat-Monnoyeur et Cie, président. Le Ministère de la Production a donné sa lettre d'agrément pour la garantie de l'Etat accordée à un emprunt obligatoire de 400 millions. En même temps, la société bénéficie d'appuis de toute sorte de la part des autorités d'occupation. Elle a de nombreuses filiales, comme par exemple, la Fermière et Agricole du Midi.

    On trouverait difficilement une branche de l'industrie qui n'ait pas été vendue par les trusts à l'Allemagne.

    L'ennemi a-t-il besoin de cuirs ? Aussitôt des hommes des trusts se proposent pour fonder avec les Allemands des Sociétés de tanneries, de corroieries, etc., comme les tanneries de Mareuil (1942) au capital de 2 millions.

    Telefunken-France, filiale de la grosse firme de Berlin, se crée à Paris en 1941 au capital de 2 millions. Objet : fabrication, vente, exploitation industrielle et commerciale concernant la téléphonie sans fil, la télévision, le film, le gramophone, etc. Administrateurs : quatre Allemands et quatre Français.

    Bien entendu, les potentats des entrepôts n'agissent pas autrement que ceux de l'industrie. C'est ainsi que nous voyons les milieux du gros commerce fonder en 1941 la Franco-Continentale d'Importation et d'Exportation (C.I.M P.E.X), avec les buts suivants : relations économiques et échanges entre la France et ses colonies d'une part, et, d'autre part, l'Allemagne et les pays situés à l'Est de la France.

    Même le marché du cinéma a été vendu à l'ennemi. Sous prétexte « d'assainir » et de « réorganiser » le cinéma français, on a créé une situation telle que, d'après les propres prévisions budgétaires du Comité d'Organisation de l'Industrie du film pour 1944, les distributeurs allemands doivent encaisser sur les recettes françaises de cette année, 314 millions, soit l'équivalent des trois quarts de la part française (417 millions). Au nom de l'organisation « européenne » on tourne 110 grands films en Allemagne quand 26 seulement sont autorisés en France ! Les 70.000 travailleurs français du cinéma peuvent toujours aller gagner leur pain comme débardeurs à Stettin ou manœuvres à Berlin.

    Le rôle des banques est naturellement de première importance dans cette vassalisation de l'économie française. Le dévouement aux intérêts allemands de la Banque Worms (avec ses dépendances comme Potin et la Grande Maison de Blanc) ; de la Banque de Paris et des Pays-Bas, de la Banque Lambert-Biltz (apparentée à Kuhlmann), de la Banque Miraband (unie par des liens si étroits au trust Marcel Champin, plus haut cité) est universellement connu. Mais ce qu'on ne soulignera jamais assez fortement c'est la responsabilité des grandes banques. Comme les trusts de l'industrie, qui n'auraient pu d'ailleurs agir dans leur propre sphère sans l'appui des banques, elles ont vendu la France, son appareil économique, son indépendance, sans une seconde d'hésitation, sans paraître soupçonner qu'il se posât une question morale, qu'il y eut une loi de la conscience nationale plus forte que la loi du profit.

    C'est ainsi qu'on a vu les quatre grandes banques françaises : le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Comptoir d'Escompte et la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, créer au service de l'ennemi une prétendue Association Financière pour le Développement de l'Industrie en France et aux Colonies. Objet : la réalisation des projets industriels franco-allemands. L'Association, nous dit-on, sera à la disposition de toutes les grandes entreprises françaises ou allemandes pour la mise en œuvre de projets importants. Le « Journal de la Bourse » du 24 octobre 1942 annonçait que, selon les besoins, d'autres établissements financiers pourraient éventuellement être admis à participer à cette affaire. Depuis, les Grandes Banques ont organisé, dans toute la presse économique et financière, le silence complet sur leur activité « pour la réalisation des projets franco-allemands ». Mais elles se trompent si elles croient que l'opinion patriotique a oublié leurs agissements, leur félonie, ou qu'elle les oubliera jamais.

    Notons enfin, pour mémoire, le cas bien connu des Assurances. C'est Jacques Guérard, secrétaire de Laval, président du Comité d'Organisation des Assurances, qui a placé cette fraction si importante du capital français sous la tutelle allemande (Association Internationale pour la couverture de gros risques, groupements de réassurances, Bourse d'Assurances maritimes). Des sociétés italiennes d'assurances ont été installées à Alger ; des sociétés allemandes à Paris, à Nantes, au Havre, etc.

    La liste qui précède n'a aucun caractère exhaustif. Bien au contraire : elle ne contient que quelques exemples, pris presque au hasard. Et on n'y a inscrit que des cas de trahison par accords explicites : accords généraux conclus par les hommes des trusts comme représentants de toute une industrie ou de toute une branche d'activité économique, ou bien accords particuliers tendant soit à la création de firmes françaises avec participation mixte de capitaux allemands et français, soit à la création de firmes françaises placées directement sous la tutelle de l'ennemi, soit à la création en France de firmes allemandes ou de filiales avec participation de capitaux français.

    Nous n'avons pas parlé des entreprises ayant, par exemple, sous-traité avec des maisons allemandes, sans conclure des accords en forme. Pourtant, dans ce cas, la collaboration avec l'ennemi est typique encore.

    Ce n'est pas ici le lieu d'examiner le degré de culpabilité des firmes ayant reçu soit des commandes directes de l'Office de l'Armement (Heereswaffenamt) soit des commandes de l'Office de Centralisation des Commandes de Paris, organisme allemand. Indiquons simplement que dans ce cas encore le poids principal de la trahison retombe sur quelques grosses firmes ; sur 70.000 commandes passées avant octobre 1942 à des maisons françaises par l'Office dé Centralisation de Paris les grosses commandes supérieures à cinq millions de marks ne représentaient que 1 % du nombre de commandes, mais 26 % de leur valeur totale.

    Nous n'entrerons pas non plus dans l'étude détaillée de la situation des Entreprises Rüstung, des entreprises dites V. A. Betriebe ou V. B. Betriebe. Notre objet n'est pas de rechercher la part de responsabilité de chaque entreprise dans le fait qu'elle tourne pour l'ennemi. Ce travail nécessaire sera fait en d'autres temps. Nous nous sommes proposé un objet à la fois plus limité et beaucoup plus important : donner un aperçu convaincant de la culpabilité des hommes des trusts dans le passage de l'économie française aux mains des Allemands.

    Ce sont les trusts qui étaient les maîtres. C'est leur trahison qui a été décisive.

    Les hommes des trusts étaient les capitaines de l'économie française. Il a eu en France des héros pour se saborder plutôt que de se rendre. Les hommes des trusts ne se sont même pas rendus : ils se sont vendus.

A suivre : La haute trahison des trusts, troisième partie

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commentaires

J
Je suis heureux d'avoir pu vous être utile.
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A
erci de ce document, que je n'ai pas eu le temps de lire en détail, mais auquel je renvoie (dans http://www.xresistance.info/article-19278137.html), concernant le rôle joué par Duchemin PDG de Kuhlmann (ancien nom de Péchiney) pendant la guerre.
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